Décidés d’accompagner le peuple congolais dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre, les prélats catholiques ont tapé du point sur la table au début de cette semaine, appelant les parties en négociations sur les arrangements particuliers de faire preuve de bonne volonté pour l’application dudit accord. Mais en face, les évêques continuent à récolter la sourde oreille des protagonistes.
Deux mois après sa signature, l’application effective de l’accord obtenu par la mouvance présidentielle et l’opposition reste chimérique. La CENCO est allée d’une part jusqu’à interpeler le chef de l’Etat, Joseph Kabila à s’impliquer «personnellement» pour l’application de cet accord dans sa globalité, et spécifiquement dans le processus de nomination du premier ministre de la transition.
D’autre part, les soutanes blanches ont invité la Majorité et le Rassemblement à être sensibile au cri de la population congolaise, et d’éviter tout blocage de l’accord par des «intransigeances irréalistes». Quelques jours passés, l’opinion réalise que les évêques ont prêché dans le désert. Les deux principales parties campent encore et toujours sur leurs positions, chacune cherchant à tirer le drap de son côté.
La confrontation des points des vues de ces acteurs autour du blocage de l’application de l’accord, sur Radio okapi a laissé transparaître les mêmes et anciennes divergences.
Pour le Porte-porte de la Majorité présidentielle, Alain Atundu Liongo, sa famille politique n’est pas responsable de ce blocage. Elle attend plutôt que le Rassemblement résolve le problème de succession à Etienne Tshisekedi, à la tête du Conseil des sages du Rassemblement et donner automatiquement à la nation le président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA).
Pourtant, trouver le Président du Conseil national de suivi de l’accord est une exigence parmi d’autres qu’il faut remplir. Si avoir le Président du CNSA dépend du Rassemblement, nommer le premier ministre dépend de la MP.
L’un des cadres du Rassemblement, Christophe Lutundula, intervenant à ce sujet sur les mêmes ondes, a mis la faute sur le dos de la majorité :
« le blocage C’est au niveau du Président de la République qui a dit aux évêques qu’il exigeait une liste d’au moins 3 candidats au poste de premier ministre. Et le Président a ajouté qu’il veut que la nouvelle direction du Rassemblement lui présente la liste. Nous sommes prêts à rencontrer le Président de la République pour lui présenter le même candidat lui présenté par les évêques »
Vive le ping-pong ! Personne n’est prêt à faire sa part de chose, les uns comme les autres sont bien positionnés à enlever constamment la paille dans l’œil de l’autre. Mais jusqu’à quand ?
Personne ne comprend plus personne
La signature de l’accord global et inclusif du centre interdiocésain n’était que les 50% du travail accompli par les évêques. Au regard des tractations entre la Majorité et le Rassemblement de l’opposition, pas besoin de mettre des lunettes pour voir que c’est un débat des sourds qui s’est installé autour de l’accomplissement des 50 autres pourcents.
La Majorité présidentielle exige une liste de trois candidats primaturables au Rassemblement, et semble oublier, ou ne pas comprendre que la présence de son autorité morale, Joseph Kabila à la tête de la RDC à ce jour est liée au poste de premier ministre que doit occuper le Rassemblement, pour la cogestion consensuelle du pays, après que personne ne détient le mandat du peuple pour le faire.
Le Rassemblement exige à son tour au Président de la République de nommer Félix Tshisekedi au poste de premier ministre, sans visiblement comprendre que cette nomination doit être une conséquence logique de l’aboutissement des arrangements particuliers. Outre les exigences de la MP, ces arrangements sont aussi bloqués par le manque de leadership réel au Rassemblement avec le décès du Lider Maximo, Etienne Tshisekedi. Cette plateforme perd certainement de vue que, tirer en longueur des discussions sur la succession d’Etienne Tshisekedi, c’est retarder davantage cette nomination souhaitée.
La Cenco qui continue à appeler les acteurs à la bonne foi pour conclure le débat, feint certainement de ne pas comprendre que le taux de volonté des négociateurs pour aboutir à un compromis définitif a baissé. Et maintenant que le plan B n’est plus d’actualité, doit-elle faire le forcing en tant que médiateur question de bousculer les deux camps ? proposer des solutions claires pour sortir de l’impasse et faire atterrir en douceur ces discussions? En attenndant d’arriver à aboutir à une issue satisfaisante, le mot maitre reste la patience. Mais jusqu’à quand ?