Veuve et mère de 4 enfants, Thérèse Mumena Ihando est une enseignante (D4) depuis 1975. À 68 ans, cette autodidacte venait de décrocher son diplôme d’Etat avec 60%. Bénéficiaire de la bourse Excellentia offerte à tout (e) finaliste qui se distingue aux examens d’Etat, Thérèse Mumena, mère biologique du député Guy Mafuta Kabongo projette de parfaire ses études universitaires à l’institut supérieur pédagogique (ISP), cela malgré son âge. Pour elle, « ni l’âge, moins encore ses responsabilités l’ont empêché d’atteindre son objectif ».

Dans le cadre des activités du mois de mars consacrées aux droits des femmes, la rédaction de Kinshasatimes.net est allée à la rencontre de cette femme, qui force admiration. Ci-dessous l’intégralité de l’interview qu’elle nous a accordée

Kinshasatimes: À 68 ans, vous décrochez votre diplôme d’État comme autodidacte, quel était votre sentiment, après avoir appris votre réussite ?

Thérèse Mumena : c’est la joie, un sentiment de fierté personnelle. J’ai atteint un objectif que je m’étais assigné. Ni l’âge, moins encore mes responsabilités, ne m’ont empêché de réaliser cela. Après une tentative infructueuse l’année d’avant, je suis arrivée au bout. C’est la joie.

KT : Décrocher le diplôme d’État et faire des études universitaires a toujours été votre rêve? Aujourd’hui vous avez fait un grand pas. Qu’est-ce qui vous a motivé où encouragé à reprendre les études ?

T.M : Mariée tôt j’ai commencé à avoir mes 4 enfants. À côté de ma profession, je devais d’abord m’occuper de l’éducation des enfants. Faire d’eux, des hommes et femmes responsables et respectables dans la société. Aujourd’hui, parmi eux, il y a une infirmière, un avocat qui est député national actuellement, une licenciée en communication et un ingénieur agronome. Mon mari fut médecin et j’étais la seule à détenir un niveau bas. Il fallait le relever et je me suis mise au travail. Je suis pédagogue et je compte poursuivre les études supérieures à l’ISP.

KT : Que représente pour vous ce diplôme et la poursuite de études ?

T.M : C’est d’abord une fierté personnelle, j’ai des enfants qui ont fini les universités, enseignante j’en ai aussi formé, qui sont des responsables dans la société et j’en suis fière. Il me fallait faire un pas supplémentaire surtout que, notre système éducatif le permet. Souvent je suis affectée à la surveillance des examens d’Etat et j’ai pris l’habitude de réaliser l’importance de ce titre. C’est une porte qui m’est ouverte pour bien des choses.

KT : Vous êtes parmi les femmes qui ont bénéficié de la bourse de la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi (DNT), avez vous pensé un jour que le fait de poursuivre vos études à 68 ans aura un impact dans la société ?

T.M : Je remercie la Distinguée première dame, Maman Denise Nyakeru Tshisekedi pour l’attention accordée, et la sollicitude à mon endroit. J’ai toujours pensé aller plus loin (…), c’est une charge que mes enfants avaient bien voulu assumer. Déjà, ils prennent soin de moi. Mais devant un geste d’amour et de considération de la première dame, je suis plus que motivée. C’est plus qu’un symbole. Je sais que les yeux de plus d’un, seront désormais braqués sur moi. À mon tour de faire honneur à mes enfants, me donnant sérieusement car je sais qu’il faut beaucoup d’abnégations, vue mon âge aux côtés des mes futurs collègues qui sont mes enfants. Le monde a évolué, la technologie aussi, je dois m’adapter et j’espère être à la hauteur.
Aux femmes et filles mères qui croient qu’être mère est un blocage pour continuer et achever les études, Thérèse Mumena leur demande de suivre son exemple, car il n’est pas tard pour mieux faire.
Elle lance également un appel à tous ceux qui abandonnent après un échec de continuer car c’est pour leur propre intérêt. « La fierté est d’abord personnelle ».

Propos recueillis par christelle Kabanda