Espoir déçu. Arnaque déguisée. Bindo remixé. Autant d’appellations pour désigner l’embellie qui s’était emparée de la plupart des porte-monnaies (pour la plupart électroniques, cette fois) dans la Capitale ; en proie à une crise financière sans précédent.

Un phénomène qui ne va pas sans rappeler celui du fameux bindo, une arnaque financière qui avait ébranlée les foyers kinois en son temps.

Rien de nouveau sous le soleil. Tout se recycle pour revenir à la mode, qu’il s’agisse d’une coiffure, d’un air de musique ou des méthodes opératoires.
Le phénomène Bindo, ce fameux jeu d’argent promettant à tous les souscripteurs qui déposaient une mise de la récupérer décuplée après 45 jours avait défrayé la chronique il y a plus de deux décennies.

Au lendemain des pillages ; après plusieurs mois d’euphorie où l’argent semblait couler à flot, les limites de ce jeu pyramidal ont été atteintes, provoquant une vague de désabusés, désespérés à l’idée de remettre la main sur le magot précieusement constitué et si mal investi.

La situation actuelle ne diffère que de quelques points près, même si le scénario ne va pas sans rappeler celui précédemment vécu. Sauf que cette fois, ce sont des personnes qui se sont constituées en groupe de 10 à 12 contributeurs sur le réseau social Whatsapp, chacun devant miser une somme minimum de 52 $ en monnaie électronique à destination de l’élu(e) de la pyramide qui empoche la cagnotte de 400 $. Le tout en 24 heures.

Pour multiplier les chances de rapidement toucher la cagnotte, il est recommandé aux participants d’inviter au moins deux personnes, qui devront à leur tour payer leur contribution endéans 48 heures suivant leur inscription.

Tout comme bindo, les réseaux sociaux ont été rapidement saturés de ces groupes, un individu pouvant intégrer jusqu’à 5 groupes différents ou revêtir plusieurs faux noms avec le même numéro de téléphone à mesure que les groupes sont dissous une fois la cagnotte empochée par l’élu du jour.

Dans un mélange de marketing relationnel et de pyramide de Ponti, ces réseaux ont fait le bonheur des services de monnaie électronique proposé par les télécoms, qui ont assisté à une véritable popularisation de leur service à l’aube de la crise économique venue en écho de la crise sanitaire. Car c’est bien là le point de départ : La Crise de la COvid-19.

Et comme un virus, le modèle de tontine s’est dupliqué, quittant le billet vert pour celui plus bariolé du franc congolais. De 52 $ ; on parle désormais de tontine à 2 500 FC ou 5 000 FC ; bref selon les moyens de chacun.

Seulement voilà, rien de nouveau sous le soleil. Après plusieurs semaines de messages d’heureux gagnants et de captures d’écran des cagnottes empochées, les groupes se sont tus les uns après les autres ; plongeant des dizaines de candidats dans une attente qui laissent appréhender le pire : Une promesse au parfum de gain facile avec l’arrière-goût d’une arnaque.

Bientôt ont commencé à paraître des messages de menace, de dénonciation ou encore d’insultes, la plupart à destination des administrateurs de ces réseaux qui sont d’ailleurs les premiers à modifier les paramètres du groupe, afin d’éviter que les candidats les plus aigris ne contaminent les plus dociles par leurs messages au vitriol.

Ce sont bien souvent les invités qui tirent la sonnette d’alarme en ne voyant pas leur nom remonter la file des contributeurs pour atteindre la short list des contributeurs solidaires ou celui de Trésorier du groupe (l’avant-garde avant d’empocher la cagnotte). Pour taire les velléités de poursuite, certains groupes ont procédé au remboursement de la moitié ou du quart des sommes versées par leurs invités.

Si Bindo avait occasionné des remous sociaux préoccupants à l’époque (à l’aube d’un pillage dont les effets perdurent deux décennies plus tard), sa version 2.0 n’aura réussi qu’à froisser quelques amitiés et flouer quelques réputations.

Cependant, aussi longtemps que surgiront des crises, des intelligences se mettront en place pour pondre des méthodes aussi alléchantes les unes que les autres : celles de l’argent facilement gagné, à faible taux d’investissement pour des bénéfices décuplés.

Les premiers arrivés sont toujours les mieux servis. Pour ce qui est des autres, ils iront gonfler les rangs des victimes anonymes, dont le nombre croit au fil des crises.