30 juin 1960, 30 juin 2021, la République démocratique du Congo fête ou célèbre ses 61ans d’indépendance, 61ans d’histoire, 61 ans d’un parcours acharné, 61 ans d’une destinée atypique et qui appelle à la réflexion, 61 ans d’évolution sociopolitique…ou pas.

En effet, il semble que 61 ans n’aient pas suffi pour imprimer définitivement l’évolution de la sphère politique congolaise : en 2021, comme en 1960, la scéne politique congolaise a un visage essentiellement masculin. Elle semble bouder le genre féminin. A l’occasion de ce 61e anniversaire de l’indépendance de la RDC, l’occasion est donc belle de s’interroger sur la place de la femme dans la scène politique congolaise de 1960 à ce jour.

Au départ, une indépendance obtenue pratiquement sans la participation de la femme. Aucun nom de femme, parmi les héros du 30 juin 1960.

Il a fallu attendre 1966, pour voir une première participation féminine. Élue ministre des affaires sociales, Sophie Kanza fut la première femme congolaise à occuper un poste gouvernemental en RDC.

Par la suite, un grand vide ! Tout au long de la première et de la deuxième république, nous constatons une absence quasi totale de la femme congolaise dans la scène politique. Ce vide s’explique assez aisément. Plusieurs obstacles jalonnent le parcours politique des femmes : la pauvreté, le cadre institutionnel et les pesanteurs culturelles…Des pesanteurs culturelles et même le formatage sociétal qui ont restreint la femme congolaise à considérer que chaque grande décision revenaient à l’homme, qu’à lui donc aussi revenait exclusivement ‘e pouvoir de décider du comportement et delà place de tous dans la société.

Mais avec le temps et l’évolution progressive des mentalités, la scène politique congolaise s’est peu à peu ouverte aux femmes. Quelques femmes, à compter du bout de doigt, commençaient à être aperçues dans les institutions de l’Etat.

Mais ce n’est vraiment qu’à partir de la 3e République, avec la promulgation de la constitution du 18 février 2006, que les choses ont vraiment pris une tournure differente.

En effet, l’article 14 de cette Constitution dispose : « #les pouvoirs publics veillent à l’amélioration de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits#

Par ailleurs, la RDC s’est inscrite dans la dynamique mondiale concernant la participation des femmes à politique et à la prise des décisions.

Toutefois, malgré tous les discours, malgré les lois votées et promulguées, la femme congolaise s’est vue restreindre à l’occupation le plus souvent des fonctions « féminines », portant souvent sur le secteur social.

Ces fonctions n’ont souvent été qu’une place de seconde zone attribuée systématiquement à la femme, alors que les ministères techniques et de souveraineté sont plutôt dirigés par les hommes.

Il sied cependant de souligner que récemment des progrès significatifs ont été remarqués à ce sujet.

A l’issue des élections de 2018, la RDC a, pour la première fois de son histoire, vu une femme se hisser à la tête de la chambre basse du parlement, une femme nommée présidente de l’assemblée nationale.
Actuellement, nous comptons plus 50% des femmes au sein de la scène politique en RDC occupant des postes stratégiques, technique. Un tel tableau est un progrès, même s’il a fallu attendre 60 ans d’indépendance pour le voir.

Mais encore, faut-il nuancer. En dépit des nombreuses nominations des femmes à des postes stratégiques actuellement et malgré la volonté du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, d’accompagner le processus de la lutte pour l’égalité des genres, il existe encore une ségrégation en défaveur de la femme congolaise , dans le milieu politique et institutionnel. En effet, dans la plupart des partis politiques règnent des pesanteurs culturelles qui font encore obstacle à la propulsion de la femme congolaise. La scène politique est encore une affaire d’hommes…et d’une poignée de femmes « courageuses ».

In fine, si l’on note des progrès dans le secteur, il faut bien reconnaître que la RDC a pris du retard pour se doter d’un cadre politique et juridique qui permette la participation politique de la femme congolaise, un retard qui traduit le faussé qui existe entre la volonté politique de la participation de la femme et les pesanteurs culturelles et d’autre freins institutionnalisés.

Licencié en Science de l’information et de la communication, Journaliste reporter culture général