Le 19 décembre 2016, le second mandat du président Joseph Kabila expire. Mais la CENI n’a pas organisé les élections. Personne ne peut succéder à Joseph Kabila alors que le président de la RDC ne peut laisser son fauteuil à qui conque. La crise politique s’installe entre la Majorité présidentielle et l’opposition congolaise dans ses multiples facettes. Les négociations s’avèrent être la voie de sortie de la crise. Après la signature de deux accords politiques : de la Cité de l’UA et du Centre interdiocésain, les mois passent mais l’impasse demeure. L’église Catholique vole à la rescousse de l’opposition affaiblie avec les cloches, la marche du 31 décembre 2017 pour obtenir l’application de l’accord du 31 décembre 2016.

Désigné médiateur dans les négociations congolaises par l’Union africaine, le togolais Edem Kodjo s’est montré partial aux yeux de la principale coalition de l’opposition, le Rassemblement. Il ne réussit pas à amener Étienne Tshisekedi et ses siens sous l’arbre à palabre de la Cité de l’Union africaine. Il a quand-même le mérite d’avoir obtenu un accord entre la Majorité présidentielle et une frange de l’opposition conduite par Vital Kamerhe.

Ni l’accord du 18 octobre ni le gouvernement Samy Badibanga qui en est la conséquence logique ne font disparaître la crise. La marche du 19 septembre 2016 (carton jaune) et le carton rouge annoncé au 19 décembre font trembler le camp présidentiel et convainquent les milieux diplomatiques que les négociations entre la Mp et le Rassemblement sont inévitables pour éviter le pire.

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L’entrée en jeu de la Conférence épiscopale nationale du Congo débouche sur un accord qui grandit à la fois le président Joseph Kabila reconnu comme tel par Étienne Tshisekedi au-delà de 2016 et Étienne Tshisekedi qui obtient ce que Vital Kamerhe et compagnies n’ont pas pu obtenir : 1 ans de transition, CNSA pour surveiller le processus électoral, primature, partage des ministères de souveraineté et mesures de décrispation politique.

Les acquis de Joseph Kabila étaient plus concrets que ceux de l’opposition encore sur papier. L’ouragan (carton rouge) qui menaçait de l’emporter est passé sans l’emporter. Dès lors, les négociations sur les modalités de la mise en œuvre de l’accord piétinent :

Le premier ministre proviendra bel et bien du Rassemblement mais Joseph Kabila doit le choisir sur une liste de 8, 5 puis 3 noms que le camp d’Étienne Tshisekedi doit lui soumettre, pour respecter son pouvoir discrétionnaire exige la MP. Dans la cohabitation avenir, il faut à tout prix pour la Mp, éviter « un premier ministre de blocage » dont le prétendu à ce poste, Félix Tshisekedi, le fils d’Étienne Tshisekedi. Pas question non plus de partager les ministères de souveraineté avec l’opposition car cela relève une fois de plus du pouvoir discrétionnaire du chef de l’État. Contrôler l’armée, la police, les cours et tribunaux, les finances; rester l’interface des partenaires internationaux est une garantie que veux le camp présidentiel pour s’assurer de mater l’opposition dans la gestion collégiale du Congo. L’opposition contrattaque en permanence.

Les évêques de la Conférence épiscopale de la RDC reçus en audience par le chef d'Etat Joseph Kabila
Les évêques de la Conférence épiscopale de la RDC reçus en audience par le chef d’Etat Joseph Kabila

C’est dans la foulé de ce « blocage » qu’intervient la mort d’Étienne Tshisekedi à Bruxelles. Les médiateurs de la CENCO qui pensaient obtenir des concessions de Joseph Kabila par la pression, perdent de vue que Tshisekedi mort, Kabila ne craint plus personne au Rassemblement. La crise de succession qui succède à Étienne Tshisekedi au Rassemblement permet au Chef de l’État de porter « une entorse » à l’accord du 31 décembre 2016, en nommant Bruno Tshibala premier ministre selon les évêques.

À un an de l’accord de la Saint-Sylvestre, les laïcs catholiques recourent aux cloches, à la marche pour obtenir l’application de l’accord obtenu pour échapper à la grogne populaire. L’opposition s’y accorde. Ni l’accord de la Saint-Sylvestre ni le gouvernement Tshibala ou encore le Conseil national de suivi de l’accord n’ont su apaiser les tentions. Dès lors, la durée de vie de Bruno Tshibala à la primature dépend plus de la volonté de Joseph Kabila qui peut ressentir le besoin des nouvelles alliances politiques pour respirer.