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« Wenze ya rail » : un danger permanent pour les marchands

Un marché de fortune fonctionne depuis quelques années sur le chemin de fer qui traverse la 11ème rue et la 13ème rue, au quartier industriel, dans la commune de Limete. Baptisé ‘‘Wenze ya rail’’ par les populations environnantes, ce marché draine du monde. Mais, l’emplacement de ce marché constitue un danger pour les marchands et […]

Un marché de fortune fonctionne depuis quelques années sur le chemin de fer qui traverse la 11ème rue et la 13ème rue, au quartier industriel, dans la commune de Limete. Baptisé ‘‘Wenze ya rail’’ par les populations environnantes, ce marché draine du monde. Mais, l’emplacement de ce marché constitue un danger pour les marchands et la population qui vient s’y approvisionner, car de temps en temps, des trains viennent surprendre des imprudents sur leurs parcours. Reportage.

Implanté dans la concession de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), appelée avant 2011 Office national des Transports (ONATRA), « Wenze ya rail » rend beaucoup de services aux habitants des quartiers environnants qui n’ont pas à se déplacer très loin pour aller faire des emplettes. Sa clientèle est essentiellement constituée des habitants de Kingabwa et de quelques avenues de Limete industriel.

Faute d’étalages, on y retrouve le plus souvent des vivres étalés à même le sol, en l’occurrence la farine de manioc ou de maïs, le riz, les haricots, les poissons fumés, les épices, les fruits, les légumes…

Plus on s’éloigne de la 11ème rue pour se rendre vers la 13ème rue, aux abords de l’avenue Poids Lourds, plus les types d’articles varient. Le visiteur a ainsi l’occasion de s’équiper en vêtements de friperie ou de s’approvisionner en « bilokos » (pièces d’occasion en provenance de l’Europe) : ustensiles de cuisine, fer à repasser, tasses, verres, assiettes, couverts…

Tout le long du parcours, s’affairent des vendeurs des cartes prépayées, des coiffeurs, des vendeurs des « makala » (charbons), des tenanciers des restaurants de fortune appelés communément « malewa » et quelques détenteurs des « ligablos » (petites boutiques artisanales).

Des accidents sur le chemin de fer

Matinales, les vendeuses de « Wenze ya rail » se pointent généralement sur le lieu aux abords de 5h30. Il s’agit principalement des tenancières des restaurants de fortune qui viennent préparer le petit déjeuner pour leur clientèle. Elles sont rejointes plus tard par les autres vendeurs qui opèrent jusqu’au coucher du soleil, aux alentours de 18h00.

Le va-et-vient incessant des clients aux abords du chemin de fer s’arrête souvent quand des locomotives sont signalées dans les parages. A l’approche du train, dont le sifflement est vite perceptible, les vendeuses se sauvent momentanément avec leurs marchandises pour s’éloigner de la trajectoire des locomotives.

Il arrive toutefois que certains passants imprudents se fassent écrabouillés sur les rails, lorsqu’ils négligent de s’écarter du chemin de fer. Le plus chanceux ont survécu à l’accident, mais ils ont dû perdre leurs membres inférieurs. C’est le cas d’un enfant de la rue qui venait souvent voler au marché ou rendre de petits services aux marchandes.

D’autres enfants de la rue, embarqués comme passagers clandestins à partir de la Gare centrale, meurent écrasés lorsqu’ils perdent équilibre, une fois que le train arrive à l’arrêt à la 11ème rue. Sans doute par peur d’être harponnés par les contrôleurs.

Des rapts au rendez-vous

La mort par accident surprend aussi des passants qui se plaisent à téléphoner tout le long du rail, sans se soucier du train qui se pointe. «Un jeune homme a dû perdre ses jambes il y a quelques années, alors qu’il se plaisait à tailler bavette avec sa copine, téléphone collé à l’oreille», nous rapporte un témoin.
Parfois, à l’arrêt du train, les marchands de « Wenze ya rail » voient surgir des groupes de badauds qui se déversent du train et viennent tout emporter sur leurs passages, avant de regagner le train et s’en aller vers Tshangu.

«J’ai vu personnellement ces voyous s’emparer d’une marmite chaude contenant des mets ainsi que des chikwanges, avant de s’évaporer dans le train», commente Obams Manassé. «On m’a même dit qu’ils emportent même des enfants à bas âge… Mais une fois alertées, les autorités de SCTP ont dû mobiliser leur police qui a remis de l’ordre et de la sécurité», soutient Obams.

Des prostituées comme des chauves-souris

Au soir, au coucher du soleil, quand les vendeurs emportent leurs articles, « Wenze ya rail » se mue en terrain de prédilection des prostitués. Sans abris pour la plupart, ces filles de joie surgissent comme des chauves-souris et font des navettes sur les rails, en quête sans doute des clients aux poches longues.

Vêtues de collants, de mini-jupes ou des pagnes rétrécis au niveau du nombril, elles abordent les passants sans vergogne et proposent leurs services. Tapis dans le noir, leurs copains suivent la scène en toute discrétion et n’attendent que le moment ‘‘M’’ pour bondir sur leurs proies.

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