Les congolais de l’ex Zaïre se souviennent, ce lundi 24 janvier, du jour de l’alternance intervenue à la cime de leur pays il y a trois ans, soit le 24 janvier 2019.
Oui, trois ans ne suffit pas pour faire la somme d’un quinquennat, mais il n’est un crime de lèse majesté pour en faire une évaluation mi-parcours.
Ce qui n’est pas non plus tâche facile, lorsqu’on gère une nation où midi est devant la porte de chacun. Voilà qui taraude les esprits. Mais il faut tenter tout de même d’y aller.
Lorsqu’on arrive à la tête d’un pays, après avoir reçu quitus du souverain primaire, l’on applique son programme de gouvernance. Autrement, la matérialisation de ses promesses de campagne.
Tshisekedi, le successeur de Joseph Kabila, a su poser des actes palpables. De la décrispation politique, avec en toile de fond, la libération des « prisonniers politiques dits emblématiques », sans compter le retour d’exil de ceux des opérateurs politiques ou de la société civile, qui craignaient pour leur sécurité, Fatshi a su lier la parole à l’acte.
Et c’est tout ? Non, affirme-t-on. L’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base, dans les réseaux d’écoles publiques (quoi qu’il y a encore à redire dans ce secteur); la reprise de la coopération avec les institutions dites de Bretton Woods, le mandat de la RDC à la présidence tournante de l’UA et récemment celle de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), le rabattement du coup du billet d’avion pour les vols au niveau national, etc. Cerise sur le gâteau, du parcours du Béton qui mal an de bétonner.
Vue des observateurs, le verre, lui, est à moitié vide. Et l’autre moitié n’est remplie que par la mousse de la bière, affirment-ils. Pour ces derniers, le retour aux pratiques indexées hier par les tenants du régime actuel, s’agissant bien entendu de la fameuse décrispation, n’a de saveur que celle d’une boisson frelatée. « L’on nous abreuve d’une d’une boisson issue d’une des fausses usines des états majors de la gouvernance actuelle », affirme l’un des analystes qui a requis l’anonymat, qui évoque le débauchage, l’interdiction et répressions des manifestations, la privatisation des médias d’Etat, l’usage des moyens d’Etat pour s’imposer, les arrestations des journalistes, l’absence de liberté d’expression, l’escroquerie du RAM. Un tableau sombre, preuve du retour à la case de départ, au statu quo.
Que dire de la gratuité de l’enseignement ? Ici encore, nos observateurs s’affichent avec des critiques acerbes.
Le médecin Tshisekedi aurait fait une ordonnance médicale sans vitamines. Sans oligoéléments. Et la thérapie elle, s’est révélée sans succès, aggravant ainsi la maladie. » Aux grands maux, grands remèdes », dit-on. Au médecin de revoir sa prescription.
Concernant la reprise de la coopération avec le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), deux institutions de Bretton Woods, l’on soutient que sur ce chapitre, rien de nouveau, lorsqu’on sait le programme avec ces institutions, que vous soyez bon élève ou pas, la relation amoureuse avec ces dames de Washington, finit par décevoir. Feu le Maréchal Mobutu (peut encore bouger dans son caveau du cimetière chrétiens au Maroc) et Kabila, dans son royaume de Kingakati, en sait quelque chose. Comme qui dirait, rien de nouveau sous le soleil zaïro-congolais.
Autre chose, c’est l’amélioration du climat des affaires. Un autre vieux refrain, pour lequel Matata Ponyo, alors Premier ministre, avait été surnommé » l’Homme du cadre macro-économique). Au-delà des indicateurs annoncés verts, le social du congolais lui, ne fait la mue. Du jour au lendemain, la situation du congolais lambda est moribonde. Hier comme aujourd’hui, seuls les barbouzes du pouvoir y sont confortablement assis et continuent à s’y installer, se tapant un repas copieux, au détriment de la masse laborieuse. La dernière itinérance du président Tshisekedi, dans l’espace Grand Kasaï, son propre terroir en est une illustration, au regard du chapelet de doléances des compatriotes dans cette contrée.
Avec les deux ans qui restent, Tshisekedi est appelé à faire des résultats pour convaincre, ce, afin de faire vivre réellement aux congolais l’alternance voulue par eux. Une alternance qui, jusqu’à sa troisième année manque d’alternative.