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Cessez-le-feu : le M23 s’ouvre au dialogue, Mais Kinshasa n’a pas encore dit son mot

Chose dite, chose faite. Le M23 déclare enfin le Cessez le feu effectif qui entre en vigueur à partir de ce mardi 07 mars 2023. Et ce, conformément au communiqué de ce mouvement, rendu public en début d’après-midi de ce même mardi après leur tête-à-tête avec le président angolais João Lourenço à Loanda la fois […]

Chose dite, chose faite. Le M23 déclare enfin le Cessez le feu effectif qui entre en vigueur à partir de ce mardi 07 mars 2023. Et ce, conformément au communiqué de ce mouvement, rendu public en début d’après-midi de ce même mardi après leur tête-à-tête avec le président angolais João Lourenço à Loanda la fois dernière.

Ouverture direct au dialogue

Cette décision du cessez-le-feu ouvre directement la voie au dialogue entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 qui pourra aboutir au retrait effectif de ce mouvement de toutes les zones qu’il occupe depuis un certain moment dans plusieurs entités dans les territoires de Rutshuru et Masisi en province du Nord Kivu.

Très demandé par le M23, le dialogue n’a jamais été parmi les lignes prioritaires de Kinshasa qui ne jure que sur les affrontements depuis le début des hostilités pour défendre l’intégralité de son territoire.

Un cessez-le-feu d’hypothétique

La rébellion du M23 après avoir tenté à plusieurs reprises de récupérer des entités stratégiques dans le territoire de Masisi, donc Rubaya se trouve devant un fait accompli d’obtempérer à la volonté des dirigeants de la sous région de l’Afrique de l’est. Dans son communiqué, le mouvement du 22 mars fait savoir par ailleurs qu’il réitère son engagement à résoudre pacifiquement les conflits mais se réserve le droit de se défendre une fois que les Forces armées de la RD Congo attaqueraient ses positions.

Les revendications du M23

Les accords du 23 mars, à la base de la rébellion du M23 qui occupe actuellement une partie du Nord-Kivu, contiennent une clause demandant la mise en place d’un nouveau modèle de découpage du territoire national fondé sur «la nécessité d’une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays». Cet accord inclut aussi la reconnaissance des provinces du Nord et du Sud-Kivu comme des « zones sinistrées ».

Tout comme en 2012 lors de l’occupation de la ville de Goma, les rebelles du M23 réclament l’ouverture des négociations politiques avec le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi avant tout retrait des zones qu’ils occupent.

Leurs revendications ont évolué puisqu’en prenant les armes il y a plus de 10 ans, les rebelles du M23, à travers leur coordonnateur Jean Marie Runiga, exigeaient du gouvernement congolais, le respect des clauses de l’accord signé le 23 mars 2009 entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l’ancien général Laurent Nkunda et le pouvoir de Kinshasa. Les chefs militaires du M23 sont issus du CNDP.

Parmi ces clauses, il y a notamment la proposition d’un nouveau modèle de découpage du territoire national censé aider le rapprochement entre les administrateurs et les administrés, peut-on lire dans cet accord sans plus de détails. Cet accord jetait aussi les bases d’un mécanisme de retour pour les réfugiés congolais et autres déplacés internes en RDC.


Selon cette dernière clause, le gouvernement s’engageait à relancer, dans les plus brefs délais, les Commissions tripartites relatives aux réfugiés congolais se trouvant dans les pays voisins et à initier des actions de réhabilitation nécessaires à leur réinsertion dans leurs milieux d’origine.


En plus de cela, le gouvernement devait déclarer les provinces du Nord et Sud Kivu, « zones sinistrés », et mettre en œuvre des projets intégrateurs et de développement, en commençant par les territoires les plus sinistrés, lieu de résidence des démobilisés et des réfugiés de retour. Les projets intégrateurs devaient puiser sa main-d’œuvre parmi les déplacés et les réfugiés de retour dans leurs territoires.


Ces accords incluent aussi l’intégration des forces du CNDP au sein des FARDC et de la police nationale, avec la reconnaissance de leurs grades. Le CNDP revendique également une loi d’amnistie en faveur de ses hommes, couvrant la période de juin 2003 jusqu’à la date de sa promulgation.

Kinshasa veut camper sur sa position

Quelques heures avant l’effectivité du cessez-le-feu, le Ministre congolais en charge de l’enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzagi Butombo a assuré que le gouvernement congolais n’a aucune volonté de dialoguer avec le M23. Au cours d’un point de presse tenu à Goma, celui-ci a rassuré que les groupes armés communément appelés « Wazalendo » devront tout faire pour s’armer afin de faire front commun avec les forces loyalistes contre les rebelles du M23.

Pour l’instant, plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées. Un mini-sommet organisé en novembre 2022 à Luanda avait notamment ordonné un retrait du M23 de ses positions, ce qui n’a pas eu lieu. Le 17 février à Addis-Abeba, les dirigeants d’Afrique de l’Est ont adopté un nouveau calendrier, prévoyant un « retrait de tous les groupes armés » d’ici au 30 mars, en mars dernier un tête-à-tête entre la rébellion et les autorités de la sous région a été tenue ayant conduit à ce cessez-le-feu.


Le Rwanda toujours accusé


Victimes des attaques, les personnes déplacées dans des camps vivent dans des conditions précaires en raison du manque de ressources. Les activités du M23 correspondent aussi à de la traite humaine, au sens de la définition des Nations unies, par l’exploitation d’enfants. Les enfants recrutés comme soldats par les rebelles sont leurrés avec des promesses d’emploi. Lorsqu’ils tentent de s’échapper, ils se retrouvent soit exécutés ou détenus et torturés dans des prisons souterraines.

Ces massacres exposent la tension existante entre la RDC et le Rwanda. Le président congolais Félix Tshisekedi a déclaré, devant son conseil des ministres, qu’il tenait le Rwanda responsable des attaques du M23. Il déclare que son pays subit « une agression de la part du Rwanda, agissant sous le couvert du M23». Ces dires sont confirmés par des experts de l’ONU et par les États-Unis, via l’ambassadeur des États-Unis en RDC. Le Rwanda ne serait pas le seul pays à appuyer le M23. L’Ouganda serait aussi liée aux activités du groupe rebelle.

Le président rwandais Paul Kagame rejette ces accusations et accuse le président congolais de fuir ses responsabilités. Entre-temps, les représentants politiques en RDC continuent de dénoncer la xénophobie en souhaitant établir une paix entre toutes les communautés ethniques. D’ailleurs, une coalition de groupes armés congolais tente de combattre et repousser le M23.

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