Dans les faubourgs de Kinshasa, la capitale trépidante de la République démocratique du Congo, les pluies ne sont plus une simple bénédiction du ciel. Elles tombent avec violence inédite, transformant des quartiers entiers en véritables zones sinistrées, où l’eau ruisselle avec la force d’une marée dévastatrice.
La quasi-totalité des habitants de Kinshasa vivent sous la menace constante de ces averses torrentielles qui frappent sans relâche, engloutissant maisons et rêves dans une boue épaisse. Les habitants des communes de Limete et Lingwala ne sont pas épargnées, au cœur de cette capitale surpeuplée, que la nature semble avoir décidé de reprendre ses droits.
Dans le quartier Mombele, à Limete, les scènes de désolation s’enchaînent. Des familles, prises de panique, quittent leurs maisons inondées, emportant dans des sacs en plastique que quelques biens sauvés des flots. L’évacuation est rapide, presque chaotique, tandis que l’eau continue de monter, inéluctable, rongeant les fondations de maisons déjà fragilisées par les années. Non loin de là, dans la commune de Lingwala, des mères de famille épuisées tentent en vain de repousser l’eau à l’aide de seaux. Ici, la pluie n’est pas un simple phénomène climatique ; elle est devenue une épreuve.
La situation est d’autant plus alarmante aux alentours de l’université de Kinshasa (UNIKIN), où l’érosion des sols menace directement le campus. Ces dernières semaines, des fissures béantes se sont ouvertes dans le paysage, comme des cicatrices profondes témoignant de la lente destruction d’une terre surpeuplée, malmenée par des décennies de déforestation anarchique et d’urbanisation mal contrôlée. Le fleuve Congo, majestueux mais imprévisible, semble narguer la ville, rappelant sans cesse aux kinois que son courroux n’est jamais loin.
L’Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (Mettelsat) avait pourtant lancé l’alerte : les mois de mars à mai seraient marqués par une augmentation significative des précipitations. Des prévisions qui, loin d’apaiser les craintes, annoncent un avenir inquiétant. Les averses diluviennes d’avril, réputé pour être le mois le plus pluvieux de l’année, ont pris de l’avance, mettant en lumière la vulnérabilité criante des infrastructures urbaines de Kinshasa. Entre les égouts obstrués, les constructions illégales et l’absence de véritable plan d’aménagements, la ville se retrouve piégée dans un cycle de destruction perpétuel.