Lundi, l’auteur franco-camerounais Charles Onana et son éditeur Damien Serieyx ont comparu devant la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris. La plainte, déposée par plusieurs associations, dont la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), les accuse de « contestation publique de l’existence de crimes contre l’humanité » à travers in ouvrage controversé sur le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda.
L’affaire a des échos bien au-delà des murs du tribunal, notamment à Kinshasa, où une marche de soutien à l’écrivain est prévue.
Le procès, prévu du 7 au 11 octobre, repose sur le livre « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise » publié en 2019, dans lequel Onana s’attaque frontalement à la version communément admise des événements. Ce livre remet en question les responsabilités autour des massacres ayant causé la mort de près de 800 000 personnes, majoritairement des Tutsis. Il défend l’opération Turquoise, conduite par la France sous l’égide de l’ONU ; accusée d’avoir permis aux génocidaires hutus de fuir vers le Zaïre (aujourd’hui la RDC), facilitant ainsi leur échappatoire.
Mais ce qui fait grincer des dents les plaignants, c’est la thèse centrale de l’ouvrage, Onana avance que Paul Kagme, président du Rwanda et ancien chef du Front Patriotique Rwandais (FPR), aurait orchestré une invasion au Nord-Kivu dès 1990, non pour mettre fin aux massacres, mais pour s’emparer des ressources minières de l’est de la RDC. Selon l’auteur, les Hutus et les Tutsis seraient également responsables des tueries, et le véritable « planificateur » du génocide serait le FPR, toujours au pouvoir à Kigali. En d’autres termes, l’opération Turquoise. En d’autres termes, cette opération serait la victime d’une « gigantesque escroquerie » orchestrée par Kagame.