Alors que la crise sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de s’aggraver, les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) ont annoncé qu’elles adopteront une posture défensive avancée dans la région. Cette décision intervient dans un contexte marqué par des affrontements intenses entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
L’Ouganda justifie cette mesure par la nécessité de protéger ses intérêts et d’empêcher d’autres groupes armés d’exploiter la situation.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a rapidement réagi à cette annonce, rassurant que la présence des troupes ougandaises s’inscrit dans le cadre de l’opération Shujaa, une collaboration militaire entre les FARDC et les UPDF pour traquer les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé actif dans la région.
« Nous avons une opération conjointe entre les FARDC et les UPDF. Dans le cadre de cette opération, lorsque nos militaires et les leurs s’engagent sur le front, ils meurent ensemble, ils prennent des coups ensemble », a déclaré Muyaya samedi 1er février. Il a également rappelé que la visite récente du chef d’état-major ougandais à Beni visait à faire le point sur cette collaboration.
« C’est une erreur de la part de la RDC que de permettre l’entrée officielle d’une armée étrangère sur le territoire au motif de “neutraliser les rebelles” du pays étranger « , confie à kt, Aimé Zonveni, analyste politique congolais, poursuivant qu’« il s’agit de l’ingérence sous couvert de défense. Sauf qu’à l’opposé du M23, l’UPDF et les FARDC mènent des opérations conjointes (Shujaa) contre les ADF/NALU. Les ougandais sont de mèche avec les rwandais ».
Charly Bayila, un autre analyste politique ne retient que du positif dans ce renforcement de la présence militaire Ougandaise en République démocratique du Congo. Selon lui, » C’est dans un cadre de partenariat stratégique avec la RDC pour traquer les ADF au niveau de l’Ituri. Vu l’existence de cet accord avec la RDC, je ne pense pas ça constituerait une menace pour la souveraineté de la RDC « , analyse-til.
Des soupçons persistants de soutien au M23
Malgré ces assurances, des doutes subsistent quant au rôle réel de l’Ouganda dans la crise congolaise. Un rapport des experts de l’ONU publié l’année dernière accuse l’armée ougandaise de collaborer avec les rebelles du M23, déjà soutenus par le Rwanda. Ces allégations ont été catégoriquement rejetées par le porte-parole de l’armée ougandaise, le brigadier général Félix Kulayigye, qui a qualifié le rapport de « biaisé » et « sans fondement scientifique ».
Cependant, ces accusations continuent de peser sur les relations entre la RDC et l’Ouganda, d’autant plus que la présence des UPDF dans l’est du Congo a toujours suscité des interrogations.
Une posture défensive avancée : quels objectifs ?
Selon l’armée ougandaise, la posture défensive avancée vise à empêcher d’autres groupes armés de profiter de la situation chaotique dans le Nord-Kivu. « Cette mesure restera en place jusqu’à la fin de la crise et le retour à la normalité », a précisé un communiqué des UPDF.