Une délégation conjointe des Églises catholique et protestante de la République démocratique du Congo (RDC) a rencontré, jeudi 13 février à Kigali, le président rwandais Paul Kagame.
Cette visite s’inscrit dans le cadre des consultations menées par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) pour jeter les bases d’un dialogue régional autour de leur initiative : le Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC.
Avant leur déplacement au Rwanda, ces responsables religieux avaient déjà échangé avec plusieurs figures politiques congolaises, dont le président Félix Tshisekedi, le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe et l’opposant Martin Fayulu. Mercredi 12 février, ils s’étaient également entretenus avec Corneille Nangaa, coordinateur de l’AFC/M23, à Goma, où ils ont plaidé pour un cessez-le-feu immédiat, la réouverture de l’aéroport et du port de Goma, ainsi que l’instauration d’un couloir humanitaire pour les populations prises au piège des combats.
Les Églises congolaises, qui se présentent comme des médiateurs indépendants, assurent vouloir “baliser le chemin” en créant un cadre de dialogue, tout en laissant aux principaux acteurs le soin d’en définir les modalités. Mais leur démarche suscite autant d’espoirs que de scepticisme. Alors que Kinshasa exclut toute négociation avec le M23, soutenu par Kigali selon plusieurs rapports onusiens, la rencontre avec Paul Kagame pourrait être perçue comme une tentative de légitimation diplomatique du régime rwandais, en pleine tourmente internationale après la condamnation récente du Parlement européen pour son rôle en RDC.
Cette initiative religieuse intervient dans un contexte où les pressions diplomatiques s’intensifient. Le 8 février dernier, les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), réunis à Dar es Salaam, ont réclamé un “cessez-le-feu immédiat” en RDC. Un appel qui, pour l’instant, reste sans effet sur le terrain.
Si le pari des Églises congolaises est de replacer la paix au centre du jeu politique et diplomatique, la route vers une issue négociée demeure semée d’embûches. L’équation sécuritaire, les tensions géopolitiques et les intérêts économiques liés aux ressources minières rendent toute perspective de règlement définitif incertaine. Mais pour ces leaders religieux, une seule certitude prévaut : “Nous devons briser le cycle de la guerre, sinon personne ne le fera à notre place”.