Le samedi 1 mars, au poste frontière de Grande Barrière, dans le district de Rubavu, le mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) a officiellement remis aux Forces de défense rwandaises (RDF) un groupe de combattants supposément issus des FDLR – Forces démocratiques pour la libération du Rwanda – capturés lors d’opérations militaires dans l’Est de la RDC.
Selon un communiqué émanant du ministère rwandais de la Défense, les premiers témoignages recueillis auprès des captifs indiqueraient une collaboration étroite avec les FARDC, les Wazalendo, le SAMIDRC et même certains mercenaires. Parallèlement, d’autres éléments des FDLR se seraient déplacés vers Walikare, Lubero, Mwenga et possiblement dans des zones actuellement occupées par le M23.
Pour le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, cette remise est un « montage de mauvais goût » destiné à discréditer les forces congolaises et, par extension, celles de la SADC. Dans un communiqué virulent, il accuse les autorités rwandaises d’utiliser des subterfuges pour justifier leur ingérence sur le territoire de la RDC.
« Ce montage est tellement grossier que parmi les soi-disant FDLR capturés se trouve Patrick Ishimwe – déjà présenté le 22 janvier par les médias à Kigali – dont le nom apparaît miraculeusement sur la liste des combattants repatriés au Rwanda, au numéro de série 6. Les autorités rwandaises, expertes en artifice et manipulation, ont pris d’anciens détenus de la prison centrale de Gitarama et les ont habillés en uniformes militaires neufs, issus d’un dépôt FARDC, pour les faire passer pour des combattants FDLR capturés à Goma », dénonce-t-il.
Les critiques ne s’arrêtent pas là. Pour Ekenge, même le fameux général FDLR Gakwerere, mentionné sur la même liste, opère depuis longtemps au service de Paul Kagame. « C’est sur instruction de ce dernier que Gakwerere a massacré des milliers de Congolais. Pendant que la communauté internationale se fatigue à dénoncer le poison rwandais, nos autorités continuent de mentir ouvertement », ajoute-t-il avec amertume.
L’offensive de cette recette douteuse ne s’arrête pas à la remise de prétendus combattants. Les FARDC saisissent l’occasion pour dénoncer l’exécution sommaire par l’armée rwandaise de militaires malades et blessés, découverts dans l’hôpital du camp Katindo à Goma – un acte qualifié de crime de guerre et de crime contre l’humanité, des infractions imprescriptibles qui, selon eux, ne resteront jamais impunies.
La présence persistante des FDLR dans l’Est de la RDC, aux abords du Rwanda, est depuis longtemps avancée par le régime de Paul Kagame pour justifier le déploiement de ses troupes aux côtés du M23, qui a repris les armes en 2021 contre le gouvernement de Kinshasa.
Cette opération, orchestrée dans un climat de tension exacerbée, soulève une question fondamentale : le montage actuel ne serait-il pas une nouvelle manœuvre visant à détourner l’attention des véritables enjeux sécuritaires en RDC ? Pour beaucoup, il apparaît clairement que la manipulation des faits ne peut justifier l’ingérence sur un territoire souverain où les vies continuent d’être brisées par un conflit sans fin.