La RDC, à travers l’Institut national de recherches biomédicales (INRB), a pris part à un important événement thématique en marge de la TICAD 9 consacré à la préparation et la réponse aux pandemies. Organisé par la JICA en collaboration avec le JIHS et Africa CDC, le séminaire a réuni d’éminents scientifiques, chercheurs africains et japonais. Le professeur Jean-Jacques Muyembe y a présenté l’expérience congolaise en matière de surveillance épidémiologique.
« La RDC a un écosystème très riche et diversifié. Souvent, elle est à la base de l’éclosion des épidémies », a-t-il rappelé. Le chercheur a décrit les différents types de surveillance utilisés dans le pays : passive, active, sentinelle, frontalière et environnementale. À celles-ci s’ajoute désormais la surveillance génomique, introduite récemment grâce à l’appui d’Africa CDC pour suivre la circulation des agents pathogènes à travers le pays.
Selon le virologue, « la surveillance dite « génomique » est très importante car elle permet de développer de nouveaux vaccins, de nouveaux médicaments et d’identifier rapidement les pathogènes ». Il a cité l’exemple du Mpox, longtemps considéré comme une maladie négligée, mais dont les études de surveillance ont montré la montée en puissance. L’épidémie a fini par devenir une menace globale touchant plus de 110 pays en 2022.

Le Professeur Muyembe a insisté sur l’importance de la recherche et des équipes pluridisciplinaires dans l’approche One Health. « On ne peut pas se préparer et répondre aux pandémies avec seulement des chercheurs. Nous devons intégrer vétérinaires, médecins et anthropologues », a-t-il souligné, rappelant que la RDC dispose déjà d’une équipe spécialisée dans les essais cliniques et prête à faire face aux menaces sanitaires.
Évoquant la pandémie de COVID-19, le professeur a expliqué que la RDC s’était préparée grâce à un laboratoire P3 offert par la JICA, inauguré peu avant l’arrivée du virus en Afrique, au delà de cette infrastructure, la préparation de la RDC était aussi celle de la masse critique qu’elle dispose grace à ses ressources humaines formées. « En 1998, j’étais le seul PhD à l’INRB. Aujourd’hui, nous sommes une quarantaine, pour la plupart formés au Japon », a-t-il noté, illustrant le renforcement considérable des capacités humaines et scientifiques du pays par le biais de la coopération internationale.
Enfin, Dr Muyembe a insisté sur la formation des nouvelles générations de scientifiques et exposé la methode du pays pour y parvenir de manière efficace. En RDC, les jeunes chercheurs passent d’abord plusieurs années sur le terrain avant de bénéficier de bourses à l’étranger pour parfaire leur formation. « Quand ils reviennent, ils allient capacités de terrain et compétences scientifiques », a-t-il conclu, soulignant l’importance de ce modèle pour mieux anticiper les épidémies futures.