C’est devenu officiel au siège de la fédération congolaise de football (FECOFA). Florent Ibenge, 57ans a déposé sa lettre de démission du poste de sélectionneur de l’équipe nationale mercredi 7 août 2019. Un poste qu’il a occupé depuis août 2014. Il a créé une division au sein de l’opinion sportive congolaise ces dernières années. Notre blogueur donne son avis sur le départ du désormais ex-sélectionneur des Léopards.
C’est comme le Soleil qui se lève à l’Est et se couche à l’Ouest. A l’annonce de la démission de Florent Ibenge à la tête des Léopards, j’ai parcouru les titres de certains pureplayers. Et ce n’est pas une surprise. Je n’ai pas vu des titres pompeux, du genre « coup de tonnerre, Florent Ibenge a quitté les Léopards ». La nouvelle paraît tant attendue, au point qu’elle se chuchotait de bouche à l’oreille.
Tout le monde ou presque s’attendait à cette départ de Flo. Déjà que son interview au micro de CANAL+, après l’élimination de son équipe à la CAN (Par Madagascar aux tab) en disait long. L’homme était au bout de ses forces. Il ne pouvait plus espérer grand-chose. Ce soir-là, je l’ai vu passer de « la coqueluche des footeux congolais » à l’homme qu’il fallait absolument abattre. Certains après ces lignes ont déjà conclu que je fais une fixette. voici mes cinq arguments sur le départ de Florent Ibenge
Flo n’avait jamais eu une équipe
Les grandes sélections au monde ont eu un beau parcours en ayant tiré de leurs sélections, une équipe. Un entraîneur ou sélectionneur bâtit sa philosophie et sa stratégie autour d’une équipe. Qui dit équipe, dit hommes. Les exemples sont légions. Löw avec l’Allemagne (2014), Renard avec la Cote d’Ivoire (2015), Deschamps avec la France (2018). Ces sélectionneurs sont arrivés à la consécration en ayant basé leur confiance dans un effectif qui se connait bien. Florent Ibenge pendant cinq ans nous a montré combien on peut reconstruire, construire puis déconstruire. La même ritournelle : A chaque regroupement, sa sélection. A chaque match, son onze.
Flo est un coach pragmatique qui n’aimait pas le jeu
La base du football est l’efficacité offensive et l’efficacité défensive. Mais avant tout, le foot reste un jeu qui plus est passionnant pour les spectateurs et téléspectateurs. J’ai toujours été convaincu d’une chose : certaines victoires des léopards cachaient de gigantesques angles morts. L’équipe jouait très mal. Même face aux équipes supposées inférieures aux Léopards, la vision de Florent Ibenge était toujours de mettre un bus. J’ai vu Mbemba positionné au milieu de terrain. J’ai vu Florent Ibenge aligner Bope, Bompunga et Mbemba au milieu de terrain dans un même match. Flo était plus un Mourinho qu’un Guardiola. Son aversion pour le jeu se motivait par sa peur de perdre. Et pourtant, il en perdait autant de matches.
Flo a toujours écouté ses fans dans les médias
Florent Ibenge pendant ses cinq années passées à la tête des Léopards, n’a pas eu des fans que dans les stades. Dans les médias, il s’était fait beaucoup d’amis. On m’a dit qu’il ne faut jamais critiquer le travail des autres journalistes. Ce n’est pas confraternel. Mais les confrères de tous les médias confondus ont passé beaucoup de temps à comparer Florent Ibenge avec ses prédécesseurs.
Dépireux, Neveu, Leroy, Nouzaret, ces pauvres étaient assassinés à longueur d’émissions et de papiers. Leur seule faute : Ils étaient expatriés. Ils ont laissé l’équipe au fond dans le classement Fifa. En fait, il signifie quoi le classement FIFA ? Usant de la toute-puissance des médias, les confrères savaient faire de lobbys en faveur de certains joueurs. Florent les écoutait. Mbokani a joué la CAN 2015 et 2017 sans faire les éliminatoires. Mputu a été amené à la CAN 2019. Et après les amis ? Il y a un certain corporatisme à déraciner dans ce pays qui consiste à justifier des choses par le simple « fils du pays ».
Flo veut léopards et V.Club
Quand il arrive à la tête des Léopards, Florent Ibenge est pioché par la FECOFA pour ses belles prestations avec l’A.S V.Club. Cette même année-là, il disputera une finale de Ligue des champions africaine avec l’équipe de la capitale. Dans ses fonctions d’entraîneur-sélectionneur, Florent Ibenge n’a jamais trouvé de temps libre. On a voulu robotiser son travail. Entre V.Club et les léopards, on a toujours demandé des résultats. Du coup, dans l’exigence de l’urgence, il a toujours déçu. On peut être le plus surdoué tactiquement comme Bielsa, Cruyff ou Guardiola, dans le haut niveau, ce cumul est insupportable et intenable.
Flo n’aime pas les jeunes
Je n’aimerai pas inventer des choses. Tout le monde qui suit au moins le football congolais sait qu’il y a un management mou à la FECOFA. C’est une organisation rempli de tonnes de personnes qui servent à rien. Le football de jeunes est tué à petit feu par la même fédé. A défaut de s’exprimer dans les U17, U20, U23 où l’amateurisme se mue en roi, nos pépites sont souvent passées à la trappe. Florent Ibenge les a souvent rangées dans la partie la plus sombre de sa mémoire. Zola, Kayembe, Muzungu, Malango, Muleka , ils sont déjà à combien de sélection chez les A ?
Cédric Bakambu, un des cadres de cette sélection a réagi juste aprçs la démission du sélectionneur pour dire « qu’il y avait un avant et il y aura un après Ibenge ». Mais si on relativise, le départ de Florent Ibenge arrange tout pour le décollage attendu de cette équipe nationale ? D’autres démissions sont surtout aujourd’hui obligatoires pour le football congolais en commençant par monsieur Omari n’est-ce pas ?
Chronique de BM