Conseillère honoraire de la ministre du Genre, Famille et Enfant au sein du Gouvernement Ilunkamba, Rebecca Bongeli Shomono s’estime choquée par les images obscènes des élèves de Kinshasa, balancées le week-end dernier à travers la toile. Décriant ces pratiques immorales, elle juge toutefois excessive la sanction que les responsables du collège Saint Georges de Kintambo infligent aux auteurs de la sextape.    

«Je condamne l’acte posé par ces élèves, auteurs de la sextape relayée sur la toile. Il y a, sans doute, faute de leur part», martèle la conseillère honoraire de la ministre du Genre, Famille et Enfant de Sylvestre Ilunkamba. Mais, Rebecca Bongeli soutient que la décision d’exclure ces élèves du milieu scolaire, et particulièrement des écoles conventionnées catholiques sur toute l’étendue du pays, est bien grave.  

«La sanction infligée aux élèves impliqués dans la sextape est excessive», commente-t-elle, tout en soulignant qu’elle n’émane pas du ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), M. Tony Mwaba Kazadi. 

Contrer toute discrimination  

Le comité de cette école éclaboussée dans l’affaire sextape s’est, en effet, résolu d’exclure de leur établissement scolaire les élèves identifiés dans cette vidéo pornographique. Intransigeantes, ces autorités ont insisté pour qu’ils soient exclus du réseau des écoles catholiques du pays. Cette mesure énergique, prise le mardi dernier par les autorités scolaires du collège Saint Georges de Kintambo, se veut disciplinaire pour décourager toute récidive.    

Quoique non opposée aux mesures disciplinaires, Rebecca Bongeli estime que le comité de cette école n’a toutefois pas le pouvoir d’empêcher les autres établissements scolaires du réseau d’inscrire ces élèves. Elle est d’avis que la sanction prise ne doit pas non plus les empêcher d’accéder à d’autres écoles du pays.  

La conseillère honoraire de la ministre du Genre, Famille et Enfant au sein du Gouvernement Ilunkamba fonde son argumentaire sur l’article 39 de la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

A la lumière de cette disposition, en effet, «aucun enfant ne peut, en matière d’éducation, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif ou du fait d’un particulier».  

Réhabiliter les établissements de garde

Convaincue que ‘‘la sanction prise est une violation flagrante de la loi portant protection de l’enfant’’, Rebecca Bongeli se réfère à cette disposition pour mentionner que, ‘‘dans de tels cas, les enfants doivent être placés dans une structure de garde pour être rééduqués’’.   

«Or, relève-t-elle, les structures de garde n’existent plus au Congo ! Je plaide donc pour que le Gouvernement puisse réhabiliter les établissements de garde qui existaient à l’époque coloniale, en construisant là où il en manque. L’Exécutif doit prendre de mesures en amont et non en aval, en veillant à s’en prendre aux responsables des réseaux de diffusion de cette vidéo».  

«Vous remarquerez, dit-elle, que les enfants sont inconscients de l’acte posé. Le Gouvernement ne devra pas combattre les faits, mais les causes. Nous ne pouvons donc sacrifier toute une vie des enfants à cause d’une bêtise qu’ils ont commise, car c’est contraire à la loi. Lorsque vous privez l’éducation aux élèves, qu’est-ce que vous réservez, en échange, pour eux ? Que suggérez-vous pour leur avenir ? Voilà les bonnes questions qu’on doit se poser», conclut Rebecca Bongeli.  

Yves KALIKAT