A quelques heures du lancement de l’édition 2017 du Festival international du rire Toseka, son initiateur et organisateur, Ados Ndombasi a répondu aux questions la rédaction de KINSHASATIMES.CD, dans son bureau situé au Théâtre de Verdure, à quelques pas de ce haut sanctuaire de la culture congolaise qui abritera pendant deux jours «L’affrontement Kinois».

KINSHASATIMES.CD : Le Festival Toseka 2017 c’est dans 72 heures, pourquoi cette nouvelle édition?

ADOS NDOMBASI : Parce que nous avons un objectif, celui de divertir à fond le peuple congolais surtout en ces moments difficiles que traverse la République démocratique du Congo. Malgré les difficultés financières nous nous sommes dit qu’il était important que l’on donne ce grand rendez-vous culturel aux nombreux congolaises et congolais.

KT : Vous évoquez le peuple qui traverse des moments difficiles en ce moment. Devrait-on en rire?

Dans ce pays nous avons du mal à nous divertir sainement. Je parlais avec un proche à qui je disais,  à Kinshasa on est dans la routine. Les gens sont soit dans des bars, des boîtes de nuit, l’église est malheureusement devenue un divertissement pour certains. On est dans une vraie routine nous n’avons pas de salle de théâtre. Notre vie se résume en bar, boîte, femme, bière etc. Je pense que nous sommes un pays de plusieurs millions d’habitants et qu’il est important de divertir, c’est ça le rôle de la culture.

KT: Le festival «Toseka» a été lancé depuis l’année 2012, cinq ans après l’aventure se poursuit, le succès a toujours été au rendez-vous depuis son lancement ?

AN: Succès c’est un peu trop dire. Mais côté public oui. Par contre du côté des organisateurs nous rencontrons beaucoup de difficultés pour organiser et clôturer ce festival. Nous ne sommes pas soutenus par le gouvernement. Toseka aujourd’hui c’est le plus grand événement culturel que nous ayons en RD Congo et reconnu internationalement. Un tel événement devrait avoir l’appui total de nos dirigeants. Sur sa saison internationale, le budget de Toseka s’évalue à 800.000 euros. Quel est le partenaire capable de donner ces moyens. Aucun. Que ce soit les sociétés de télécommunication, les brassicoles, personne ne peut miser une telle somme. Donc c’est une obligation qui revient au gouvernement.

KT: Quels sont aujourd’hui les rapports entre le Ministère de la culture et les organisateurs de Toseka à ce jour ?

AN: Ce sont des très bons rapports mais qui ne doivent pas se limiter qu’aux paroles. Nous avons besoin de gestes forts. En tant qu’opérateur culturel, j’ai la chance de parler avec plusieurs ministres mais malheureusement nous ne faisons que discuter. Il n’y a pas d’action. Dernièrement je discutais avec le Ministre de culture qui a accepté de nous soutenir avec une somme de quarante millions de francs congolais. Mais depuis 2016 jusqu’à ce jour nous ne les avons pas encore touchés. Le dossier est bloqué au Ministère du budget sous prétexte que la lettre du Ministre a été dérobée. Mais en réalité c’est une affaire de corruption. Ils s’attendent peut-être à ce que nous les corrompions pour que la somme soit débloquée. Autre chose. Cette somme en 2016 était l’équivalent de 40 000 dollars américains. Aujourd’hui avec la dépréciation de la monnaie nationale elle ne vaut plus que la moitié de ce qu’elle valait à l’époque.

KT: Ouvrons une parenthèse pour parler brièvement de vous. Quel chemin vous a conduit à la direction du Théâtre de Verdure ?

AN: Je suis à la base comédien et metteur en scène. Je me suis lancé dans la profession en 1997 à l’Ecurie Maloba. Avant j’étais dans le théâtre scolaire et amateur. En 2003 j’ai lancé la plate-forme culturelle Wato Bbalabala qui est à ce jour gestionnaire de l’amphithéâtre du Théâtre de Verdure. 2011, j’ai créé le Festival international Toseka et en 2012 nous le mettions en place.

KT : Le Festival Toseka de cette année a pour thème «L’affrontement Kinois», pourquoi ?

AN: C’est un Toseka 48 heures du rire que nous coproduisons avec mon associé Jean-Claude Eale de CMCT pour mettre en valeur tous les humoristes kinois, ces stars du petit écran, ceux qui ont l’habitude de circuler dans les bars, deuils, fêtes… nous avons par un casting retenu les plus talentueux et nous les avons par la suite encadrés et attendons à ce que le public vienne en consommer le résultat de ce travail au Théâtre de Verdure. L’affrontement kinois a pour parrains Filton Saï-Saï et Lady Esobe, deux figures de proue de la comédie kinoise que nous avons l’habitude d’accueillir à Toseka. Nous avons décidé cette fois-ci de les valoriser, les propulser sur le plan national mais aussi international. Après cette édition nous allons organiser des tournées à l’intérieur du pays avec ces artistes que nous avons sélectionnés.

KT: C’est un Toseka 100% lingala?

AN: Exactement. C’est un choix que j’ai fait. Je l’ai pensé depuis 2012 et je le concrétise cette année. Nous voulons  propulser ces artistes qui s’expriment lingala et je pense qu’en tant qu’opérateur culturel j’ai aussi pour vocation de valoriser notre belle langue qu’est le lingala. Si le français est une langue parlée dans le monde, c’est parce que les français l’on vulgarisé, ils l’ont portée. Nous nous devons aussi en tant que congolais de porter avec fierté notre belle langue.

KT: Un choix aussi conjoncturel vu la situation économique? Puisque nous avions l’habitude de voir monter sur les planches de Toseka les humoristes de renommée continentale qui sont effacés de l’affiche pour cette année

AN: Pas du tout. L’idéal c’est que pour l’année prochaine nous aurons un Toseka international au mois de juin et national en fin août. L’idée c’est d’organiser chaque année deux Toseka. Entre les deux il y aura des tournées avec les artistes. Nous voulons aujourd’hui devenir une vraie industrie.

KT: A quel stade se trouvent les préparatifs de Toseka 2017 ?

AN: Avec beaucoup de difficultés on se prépare et on va y arriver. Nous allons présenter un beau show. Nous invitons le public à se pointer déjà à nos points de vente. J’ai organisé des Toseka mais je vous assure que celui-ci sera le meilleur.