Dans le cadre de la journée du 8 mars consacrée à la célébration des droits de la femme, la rédaction de Kinshasatimes.net est allée à la rencontre d’une des femmes de distinction de notre collectivité. Madeleine Mbongo Mpasi, c’est d’elle qu’il s’agit.

Épouse, mère de famille, Madame Madeleine Mbongo Mpasi est Docteur en Sciences et techniques de l’information. Titre qui fait d’elle Professeur d’universités. Secrétaire général administratif à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), elle est aussi une activiste engagée pour la cause de la femme. Ci dessous l’intégralité de l’interview qu’elle a accordée à votre journal.

Kinshasatimes.net : La République démocratique du Congo (RDC), à travers le ministère du genre, a adopté le thème : leadership féminin d’excellence, pour une société égalitaire et numérique à l’ère de la Covid-19. Que vous inspire ce thème ?

Madeleine Mbongopasi : C’est son contexte très particulier qui interpelle tout chercheur. D’une part, la société s’est vue confrontée à des nouvelles restrictions. Ce qui peut rendre plus complexe ce leadership tant souhaité. D’autre part, le numérique se présente exceptionnellement comme solution palliative à ces difficultés. Le numérique et la Covid-19 sont des variables explicatives du leadership féminin. Du coup, on ne peut pas y parvenir sans consentir les efforts ensemble. Donc, les différents réseaux de femmes ont la possibilité de travailler en synergie grâce à l’offre du numérique en vue d’encourager le leadership féminin dans tous les domaines.

KT: Quelles difficultés avez-vous rencontré dans l’exercice de votre métier en tant que femme ? Avez-vous été victime de discrimination ou du harcèlement lié à votre statut de femme ?

M.M: Aucune femme des médias ou enseignante ne vous dira qu’elle n’a rencontré aucune difficulté, discrimination ou harcèlement. Ce sont des réalités auxquelles nous faisons face parfois à une fréquence élevée, mais, on n’y renonce pas. Devenir professeur d’université n’est pas une mince affaire. Surmonter les stéréotypes et toutes les constructions socioculturelles à l’égard de la femme, c’est ça notre chemin de croix.

KT: Qu’est-ce qui explique qu’il y ait moins de femmes professeurs à l’IFASIC alors que les étudiants sont majoritairement femmes ?

M.M: Il faut disposer d’un capital « détermination sans faille ». Beaucoup de femmes abandonnent. Elles font le choix de paraître à la télévision, et, c’est très facile. Mais choisir la carrière d’enseignant c’est un choix de grandeur. Se consacrer toute sa vie à être chercheur, la plupart de femmes congolaises le trouvent assez hardi et elles n’osent pas. Mais, nous essayons de tenir le discours contraire pour encourager les étudiantes tout en espérant que notre message va porter du fruit.

KT: Quelles dispositions et mesures avez-vous prises dans l’exercice de votre métier pour vous adapter à la pandémie de la Covid-19 ?

M.M: En tant qu’établissement d’enseignement supérieur, nous insistons sur le respect de toutes les mesures barrières contre la Covid-19. L’accès dans le site universitaire est ainsi conditionné par une observance stricte des gestes barrières. Le port des masques est obligatoire, le lavage des mains au savon ou l’utilisation du gel hydro-alcoolique est très encouragé.

KT: Quel message adressez-vous aux étudiantes de l’IFASIC et même d’ailleurs qui croient qu’être professeur d’université est réservé aux hommes ?

M.M: Nous sommes pour elles des modèles. Nous les encourageons à faire comme nous. A l’IFASIC, nous avons trois femmes professeurs, le quota est très faible mais cela doit révolter les jeunes femmes encore en formation. La femme, en tant que personne humaine, n’a pas un moindre potentiel intellectuel que l’homme. Dieu nous a créés intellectuellement égaux avec des caractéristiques physiques différentes. Donc, ce ne sont pas les compétences qui manquent à la femme. Devenir professeur d’université, quoique difficile, reste tout de même possible à quiconque veut oser.

Propos recueillis par Christelle Kabanda