Dans son rapport rendu public dans ce mois de juillet 2020, l’organisation internationale des droits humains, HRW, fait savoir qu’en date du 29 mai, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RD Congo a soulevé des inquiétudes quant à la tendance à la hausse des intimidations, arrestations et détentions arbitraires des Défenseurs des droits de l’homme, journalistes et membres de partis politiques dans certaines provinces.

Les cas suivants de menaces, de harcèlement et d’arrestations arbitraires depuis le début de l’année 2020 concernent des individus ayant exercé leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression ou de réunion pacifique. Plusieurs ont été accusés d’outrage à l’autorité. Ils figurent parmi les 39 cas documentés par Human Rights Watch. Cependant, Human Rights Watch estime qu’il existe bien d’autres incidents qui n’ont pas fait l’objet d’enquêtes.

Pour la province de l’Équateur par exemple, l’organisation fait savoir qu’en date du 7 juillet, une cour d’appel a condamné un activiste, Joseph Bayoko Lokondo, à une peine de prison de 6 mois avec sursis, annulant la peine de 13 mois d’emprisonnement pour outrage à un membre du gouvernement et propos diffamatoires.

Au Kongo-Central, HRW, renseigne que le 12 juillet, des fonctionnaires de l’agence nationale de renseignements ont arrêté Patrick Palata, journaliste de Tala Tala TV, à Matadi. Il a été interrogé sur une série d’interviews télévisées enregistrées la veille de son arrestation alors qu’il enquêtait sur la mort d’une femme qui aurait été tuée par balle par l’un des gardes personnels du gouverneur pendant une manifestation contre les péages routiers.

Au Nord-Kivu par contre, Jimmy Nzialy, avocat et coordinateur national du groupe Génération Positive-RDC, a été détenu dans une cellule du bureau du procureur à Goma, le 27 mai, après une plainte déposée par Patrick Munyomo, un membre du parlement, l’accusant d’outrage et de diffamation. Jimmy Nzialy a été libéré sous caution le 13 juin.

Espoir Miganda Mugisho, le président de la société civile du quartier de Mugunga à Goma, a été arrêté le 2 juin et accusé d’outrage à autorité et du meurtre de deux agents de police, après qu’il a dénoncé la criminalité présumée de certains agents de police.

Pour la province du Sankuru, HRW, fait savoir qu’à Lodja, Joseph Omega, un journaliste, a été arrêté le 12 mai et emprisonné après que deux membres du parlement de la province l’ont accusé de propos diffamatoires et d’insultes.

Dans le Nord-Ubani, l’organisation renseigne qu’au 16 juillet, des fonctionnaires de l’agence nationale de renseignements ont convoqué cinq membres de plusieurs groupes locaux pour les interroger après qu’ils ont publié une déclaration commune dans les médias sur la situation politique dans la province.

Au Sud-Ubangi, HRW, rapporte qu’en date du 24 avril, la police a arrêté Alexandre Robert Mawelu, un journaliste de Radio Liberté à Gemena, la capitale de la province, et l’a transféré à la prison militaire d’Angenga. L’arrestation a eu lieu après qu’Alexandre Robert Mawelu a critiqué le gouverneur de la province sur un groupe WhatsApp lié à son émission de radio.

A la Mongala, l’organisation renseigne que Peter Tetunabo, Taylor Engonga et Yannick Mokanga, trois activistes, et Fabrice Ngani, journaliste, ont été arrêtés arbitrairement le 9 mai alors qu’ils étaient sur le point d’adresser une note au parlement provincial critiquant le gouverneur Ngbundu Malengo pour mauvaise gestion.

 » Au Lualaba, Mike Lameki, un activiste travaillant sur les questions minières, a expliqué qu’il a reçu des appels anonymes, les menaçant lui et sa famille après sa participation à un programme sur Radio Top Lualaba le 19 mai. Pendant ce programme, Mike Lameki a déclaré que le gouvernement et l’assemblée de la province devraient envisager de répondre à l’appel de personnes à Kolwezi, la capitale de la province, demandant la démission du ministre de l’intérieur provincial en raison de l’insécurité croissante dans la ville. » rapporte HRW

Au Kasaï-Oriental, HRW, fait savoir que le 8 mai, Serge Kayeye et Jean-Baptiste Kabeya, deux journalistes travaillant pour Radio Fondation Daniel Madimba, ont été arrêtés à une barrière de péage sur la route menant à Mbuji-Mayi.

 » Toutes les poursuites sans fondement à l’encontre des journalistes et des détracteurs pacifiques devraient être abandonnées » a ajouté Human Rights Watch.

HRW, laisse entendre que e gouvernement devrait aussi prendre des mesures concrètes conformément aux instruments régionaux et internationaux des droits humains pour protéger les journalistes et respecter la promesse de Félix Tshisekedi de faire véritablement des médias un quatrième pouvoir.

 » La RD Congo se place cette année à la 150e position sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse. Une nouvelle législation devrait abroger les dispositions pénales réprimant la diffamation et garantir que la véracité des faits et l’intérêt public constituent des moyens de défense dans les plaintes pour diffamation. » écrit HRW
Elle rappelle que le président Félix Tshisekedi devrait reconnaître que les attaques contre les journalistes et les détracteurs pacifiques sont une atteinte à la démocratie. Et pense que l’urgence sanitaire ne peut servir de prétexte au musèlement des libertés démocratiques, contraire à l’état de droit.