Tout en saluant les premiers gestes posés par le président Tshisekedi depuis son arrivée à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), parmi lesquels, la décrispation du climat politique et la liberté d’expression dans les médias, la libération des prisonniers politiques et d’opinions, le retour au pays des exilés politiques, la mise en œuvre de la gratuité etc.

Cependant, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) constatent que l’unité est de plus en plus menacée par les antivaleurs telles: « le népotisme, le tribalisme, le régionalisme, le clientélisme, l’exclusion des adversaires politiques, des pratiques et des discours qui fragilisent les liens sociaux » ont-ils dénoncé dans une déclaration, à l’issue de la 58ème réunion de l’Assemblée générale des évêques du Congo, ténue du 14 au 18 juin courant.

Les prélats catholiques alertent sur un état de choses qui brise le rêve commun et qui compromet la cohésion nationale sur plusieurs plans qui deviennent de véritables défis. Ces derniers les princes de l’Église les glanent au plan socio-politique, avec la politisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à prédominance de la nouvelle Majorité au pouvoir, soulignent-ils.

Les hommes aux mitres fustigent la nouvelle loi électorale, adoptée au Parlement, qui ne rassure pas tous les acteurs politiques et sociaux, et qui ne garantit pas processus électoral crédible. « Ce qui porte les germes de contestation et de crises de légitimité qui fragilisent davantage la cohésion », ont-ils soutenu.

Sur un autre volet, la CENCO fait observer que depuis le processus constitutionnel, suivi du découpage territorial, « l’on assiste à une instabilité chronique des institutions provinciales due, essentiellement à des manipulations politiciennes et à la cupidité de certains ». Des comportements qui divisent les communautés au niveau des provinces et ne contribuent nullement à la consolidation de la démocratie ni à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Au plan socio-économique, les évêques saluent les efforts du gouvernement, notamment la hausse des réserves de change au niveau de la Banque Centrale, et des initiatives prises dans les différents ministères. Par ricochet, ils décrient le fait que la majorité de la population continue à faire face à l’extrême pauvreté. Et curieusement, aux côtés d’elle, il y a encore et toujours une poignée de compatriotes qui s’enrichit de façon scandaleuse et sans cause.

« D’aucuns se demandent si ce n’est pas le fruit de la corruption et du détournement des deniers publics au profit personnel », peut-on lire dans le document des évêques.

Et d’ajouter : « cette situation a aussi un impact négatif sur la cohésion nationale dans la mesure où elle creuse davantage le fossé entre les riches et les pauvres ».

Sur le plan sécuritaire et humanitaire le magistère de l’Église catholique de la RDC rappelle avoir plusieurs fois, dénoncé l’insécurité et les violences qui endeuillent le pays, spécialement dans le Nord et le Sud Kivu, ainsi qu’en Ituri. « Ces événements malheureux, qui secouent notre pays, doivent être pour nous un motif d’assumer nos responsabilités et de resserrer davantage nos liens de solidarité et de fraternité, afin de raffermir notre amour de la Patrie ».

Soutenant les décisions militaires prises par le chef de l’Etat en ce sens, les évêques déplorent cependant, le fait que certains compatriotes pactisent encore avec les agresseurs pour des fins égoïstes, et d’autres en font une exploitation politicienne pour en tirer des dividendes.

Enfin, sur le plan de la justice et des droits humains, ils rappellent que
La Justice est l’un des piliers de l’Etat de droit ; elle grandit une nation. Malheureusement en RDC, elle continue à être mal rendue, gangrénée par la corruption et instrumentalisée par le politique. « Pour beaucoup de nos compatriotes, l’appareil judiciaire est perçu comme une officine de combines, un espace de règlement des comptes et de cautionnement des injustices. La corruption, hélas, semble être le principal moyen pour gagner un procès. Par ailleurs, le droit cède la place au clientélisme, au régionalisme, au tribalisme et au népotisme. La cohésion nationale est ainsi mise à mal, particulièrement quand la Justice est exploitée pour écarter les concurrents politiques ».

Giscard Havril