Dans une scène religieuse où œuvrent plusieurs confessions, l’église catholique a souvent fait cavalier seul dans les grands moments de l’histoire politique en République démocratique du Congo, alors que la plupart de confessions religieuses se rangent directement ou indirectement aux côtés des autorités ou régime en place.

C’est le cas pour la crise actuelle au pays de Lumumba. Les prélats catholiques s’engagent de plus en plus dans l’arène politique. Depuis l’échec de l’aboutissement des négociations du Centre interdiocésain, dont ils ont assuré la médiation, et la mise en œuvre non consensuelle de l’accord de la Saint Sylvestre, ils ne vont pas par le dos de la cuillère pour exprimer leur désaccord aux autorités en place.

Pour la messe de Noel en cette année 2017 qui devait consacrer  de l’alternance au sommet de l’Etat par la tenue des élections, l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Monsengwo n’a pas manqué de parler politique dans son homélie.

«La grandeur de l’homme se situe non dans les astuces politiques pour la conquête du pouvoir, mais dans la mesure où cette sagesse politique est mise au service du peuple, pour le projet de Dieu, pour un peuple et pour un pays», a-t-il indiqué.

kabila
Le Président de la République Joseph Kabila et le Cardinal Laurent Monsengwo

Déjà au mois d’avril 2017, le numéro un de l’église catholique en République démocratique déplorait le temps de « confusion », « d’obscurité », et de « désespoir » que traversait le pays, présageant dans son message l’aurore qui « pointe déjà à l’horizon ».

Loin d’être un cas isolé, le fidèles de l’église catholique sont de plus en plus appelés par leurs bergers à prendre conscience de la situation que traverse le pays. «Depuis quelques mois, il ne se passe pas une seule messe sans que le prêtre, officient du jour n’évoque le sujet politique, ne fut ce que pendant cinq minutes», affirme un fidèle d’une paroisse située à l’Est de Kinshasa.

Par ailleurs une autre source proche de l’église catholique insiste sur le rôle que doit  jouer l’église en ce temps-ci. Selon lui, loin d’être artisans de  la haine, les prélats catholiques savent qu’ils sont devant leurs responsabilités. Celle d’éclairer la nation, de la conscientiser sur son destin. L’appeler à ouvrir les yeux.

En dépit de toute interdiction de manifester, le Comité Laïc de coordination de l’église catholique a annoncé une marche pacifique le dimanche 31 décembre 2017 pour la mise en oeuvre stricte de l’accord du 31 décembre 2016. Une marche qui obtient de plus en plus d’adhésion de partis politiques de l’opposition et de mouvements citoyens. « Cette marche doit être soumise aux strictes règles de non-violence », prévient-il.