République démocratique du Congo a fait d’énormes progrès dans la lutte contre les violences sexuelles. En trois ans, le pays a réussi à réduire de moitié le nombre de viols, qui sont passés de 15.000 cas répertoriés en 2013, à 7.500 cas en 2015. Un véritable cas d’école, selon les Nations unies.

Le pays vient de très loin. Durant les deux dernières décennies, le viol s’était en effet transformé en arme de guerre en RD Congo, en proie à des conflits armés récurrents. Mais de gros efforts ont été menés ces dernières années pour combattre la tragédie. Avec, au départ, la signature en mars 2013, d’un communiqué conjoint entre le gouvernement congolais et les Nations unies, pour lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits armés.

Dès cette année-là, le pays a pris cinq grands engagements devant l’ONU : accélérer la mise en œuvre d’une stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité ; redoubler les efforts pour contrôler l’exploitation des ressources naturelles pour qu’elle ne favorise pas l’éclosion de groupes armés d’où proviennent de nombreux auteurs de viols ; lutter contre l’impunité ; assurer la coordination des actions de différents intervenants dans cette lutte ; doter la justice militaire et civile des ressources susceptibles de lutter contre l’impunité et d’assurer la réparation des violences sexuelles.

 

« NOUS AVONS COMMENCE A CHANGER LES CHOSES… »

 

La RD Congo a mobilisé toutes les énergies pour se donner la chance d’éradiquer, sinon de faire reculer de façon significative, ce fléau qui avilit la femme. Et la nomination d’une femme de poigne à la tête du Bureau du Représentant Personnel du Chef de l’Etat en charge de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants dans les groupes armés (BRP), n’a pas été qu’un simple symbole. Jeanine Mabunda a très courageusement pris le taureau par les cornes, et lancé la campagne Brisez le silence pour tordre le cou au viol et sanctionner leurs auteurs. « Nous avons commencé à changer les choses en RDC », se réjouit le BRP.

 

Un numéro vert (473333 ou le 0897000222) a rapidement été mis à la disposition de la population pour dénoncer les cas de viols, et obtenir une orientation juridique et médicale. Dans l’armée congolaise (FARDC), aussi souvent mise en cause en matière de viol, les officiers supérieurs ont pris l’engagement de lutter contre ces crimes dans leurs unités. Et des femmes magistrats ont été déployées dans des zones de conflit (surtout à l’Est), afin d’améliorer la capacité du système judiciaire dans la poursuite des auteurs présumés de violences sexuelles.

 

Tous ces efforts sont aujourd’hui couronnés de succès. Les chiffres révélés en août 2016, lors de la tenue à Kinshasa de la conférence sur l’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du communiqué conjoint RDC-ONU sur les violences sexuelles liées aux conflits, sont révélateurs : de 15.000 cas de viols répertoriés en 2013, la RDC est passée à 7.500 cas en 2015.

 

SOUTIEN DES NATIONS UNIES

 

Les sanctions prises contre les violeurs ont sans doute produit des effets. « Il y a eu 246 décisions judiciaires de condamnations envers des auteurs de viol », explique le général Joseph Mutombo, président de la Commission de suivi de la mise en œuvre du Plan d’action des FARDC dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles. Parmi les condamnations, on compte en effet de hauts gradés de l’armée (un général et trois colonels).

Les Nations unies saluent ces progrès, et promettent de poursuivre le soutien apporté à la RDC dans cette lutte. « Après un travail d’arrache-pied mené durant trois ans, les résultats sont palpables en ce moment où le taux de violences sexuelles a été réduit de 50% », déclare Zainab Hawa Bangoura, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les violences sexuelles liées aux conflits. Elle ajoute cette petite phase, forte et réconfortante pour un pays qui a tant souffert du viol : « La RDC peut inspirer les Nations unies dans ce secteur où elle a désormais une expérience avérée. »

Kinshasatimes/Forums des As