Le Groupe d’experts de l’ONU a établi que certains membres des FARDC continuaient de transférer du matériel au NDC-R, ainsi que cela avait déjà été documenté dans les rapports précédents. Ces éléments sont contenus dans son rapport publié le 20 décembre 2019 et adressé à la Présidente du Conseil de sécurité de l’ONU.
Créé par Guidon Shimiray en 2015, le NDC-R avait repris plusieurs zones minières controlées par les FDLR dans le nord-est du territoire de Walikale et d’autres qui étaient gérés par l’Union des patriotes congolais pour la paix (UPCP) de Lafontaine. Ce groupe armé est aujourd’hui aussi influent au sud de Lubero.
Le Groupe d’experts dit avoir obtenu trois vidéos tournées en juin-juillet 2019 et à la fin décembre 2018 qui ont été authentifiées par ses soins et par une source connaissant bien le NDC-R. Il a également interrogé 14 combattants en activité ou récemment démobilisés du NDC-R.
Dans la première vidéo, un policier en poste dans le centre de Masisi a affirmé qu’en mai 2019, des combattants du NDC-R avaient passé une journée dans une position des FARDC près du village de Mukohwa et que le 10 mai 2019, des membres des FARDC avaient remis cinq boîtes de munitions 14 à des éléments du NDC-R basés à Loashi, explique le rapport. Dans le même document, il est également fait mention d’opération conjointe impliquant FARDC et groupes armés.
« Le policier a également déclaré que des membres des FARDC et des combattants du NDC-R poursuivaient ensemble des combattants de l’APCLS à Buabo. Le Groupe d’experts estime que cette opération conjointe est liée aux combats qui ont opposé le NDC-R et l’APCLS dans les groupements de Biiri, Bapfuna, Buabo et Banyungu au cours de la seconde moitié de mois de mai 2019 », dit le rapport.
Dans une deuxième vidéo, rapporté par le groupe d’expert, un officier du NDC-R a expliqué que des uniformes militaires avaient été achetés préalablement auprès des FARDC et que les combattants de son groupe seraient ultérieurement intégrés dans les FARDC.
« Le Groupe d’experts a constaté qu’au moins deux mortiers de 82 mm et une mitrailleuse lourde de 12,7 mm faisaient partie du matériel livré au NDC-R à Kashuga. Selon lui, outre qu’il s’agit d’une violation manifeste de l’embargo sur les armes, le fait que certains membres des FARDC aient transféré des armes lourdes à un groupe armé, en l’occurrence au NDC-R, est particulièrement préoccupant, notamment parce que ces armes risquent d’être employées dans une zone civile densément peuplée », ajoute ce rapport.
Les membres du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, dont le mandat a été prorogé jusqu’au 1er août 2020 en application de la résolution 2478 (2019) du 26 juin 2019, ont été nommés par le Secrétaire général le 29 juillet 2019.