Kinshasa, 16 janvier 2001. À la mi-journée, des coups de feu retentissent dans le palais des Marbres. Quelques heures plus tard, la rumeur envahit les rues désertes de la capitale : Laurent-Désiré Kabila, le président qui avait mis fin à 32 ans de règne de Mobutu, est grièvement blessé. Deux jours plus tard, la nouvelle tombe officiellement : le « Mzee » est mort, victime des balles tirées par l’un de ses propres gardes.
Aujourd’hui, 24 ans après ce drame qui a bouleversé l’histoire de la République démocratique du Congo, les mystères entourant cet assassinat n’ont jamais été pleinement élucidés. Rashidi Mizele Kasereka, le caporal auteur des coups de feu, a été abattu sur place.
Mais les véritables commanditaires et les mobiles profonds de ce meurtre continuent d’alimenter spéculations et frustrations, tandis que les Congolais se demandent toujours : à qui profitait la mort de Laurent-Désiré Kabila ?
Ce qui devait être une rencontre ordinaire tourne alors au drame. Rashidi dégaine son arme et tire plusieurs balles sur Kabila, le touchant au cou et au bas-ventre. Alors qu’il tente de s’échapper, il est abattu par le colonel Eddy Kapend, aide de camp du président.
Transporté à la clinique Ngaliema, le président succombe à ses blessures. Cependant, l’annonce officielle de sa mort ne sera faite que deux jours plus tard, le 18 janvier 2001, amplifiant la confusion et les rumeurs dans un pays déjà en proie à l’incertitude.
Un procès controversé et des zones d’ombre
En 2003, la Cour militaire de Kinshasa condamne une vingtaine de personnes à mort, notamment Eddy Kapend, accusé de négligence dans la protection du président. Cette peine sera commuée en prison à vie. Après des années de détention, Kapend sera gracié en 2021 par le président Félix Tshisekedi.
Malgré ces condamnations, de nombreuses voix continuent de dénoncer les limites de l’enquête. Qui étaient les véritables commanditaires ? Quels intérêts politiques ou étrangers ont pu jouer un rôle dans cet assassinat ? Autant de questions qui, 24 ans plus tard, restent sans réponse.
Un héritage contrasté
Arrivé au pouvoir en mai 1997 après avoir renversé Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila a incarné pour beaucoup un espoir de renouveau pour la RDC. Pourtant, son règne a été marqué par des tensions internes, des conflits régionaux et une méfiance croissante vis-à-vis de ses alliés.
Sa mort brutale a ouvert la voie à la succession de son fils, Joseph Kabila, qui a dirigé le pays pendant 18 ans. Mais le traumatisme de cet assassinat continue de hanter la mémoire collective, symbolisant à la fois l’instabilité politique et les luttes de pouvoir au sein de la RDC.
Une énigme historique
Alors que la RDC commémore ce triste anniversaire, l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila reste une énigme. Si certains plaident pour la réouverture du dossier, d’autres estiment que le temps est venu de tourner la page pour se concentrer sur l’avenir du pays. Une chose est certaine : l’histoire du « Mzee » continue de résonner, rappelant les défis persistants d’une nation en quête de stabilité et de justice.