Les chrétiens de Kinshasa ont été nombreux à assiéger leurs églises le samedi 15 et le dimanche 16 août. Dans les quatre coins de la capitale, ils ont afflué par milliers, autorisés à nouveau à fréquenter leurs lieux de culte après cinq mois de suspension due à la pandémie du coronavirus. Ils étaient toutefois tenus de respecter les gestes barrières, exigés par l’autorité urbaine.

Dans nombre de communes de la capitale, des milliers de fidèles catholiques ont pris d’assaut leurs paroisses en ces jours où l’Eglise commémorait la fête de l’Assomption de la Vierge Marie. Le « go » a été donné par le Cardinal Fridolin Ambongo dans la matinée du samedi 15 août à la cathédrale Notre-Dame du Congo, à Lingwala, où plusieurs chrétiens ont répondu à l’appel.

L’archevêque de Kinshasa a tenu ainsi à rendre hommage à la Vierge Marie, patronne de la Rdc, pour avoir intercédé pour le pays, menacé par cette pandémie qui a fait des ravages sous d’autres cieux. Dans son homelie, le Cardinal Ambongo a insisté sur le strict respect des mesures sanitaires dans toutes les paroisses, rappelant à ses fidèles que le coronavirus n’a pas encore disparu.

Pour ce faire, l’accès à la cathédrale était conditionnée par le port du masque, la désinfection des mains au gel hydro alcoolique ou le lavage des mains. Dans le temple, la distanciation était de rigueur sur les bancs. De même, lors du dépôt des offrandes ou à la communion.

En plus, instruction a été donnée pour que les fidèles ne puissent plus se serrer les mains en guise de paix, après la récitation de la prière de « Notre Père ».

Le Cardinal Monsengwo à Nzete ekauka

Comme à la cathédrale Notre-Dame du Congo, nombre de ces mesures ont été au rendez-vous au sanctuaire marial « Marie Mère du Désarmement », à Kingasani ya suka (commune de Kimbanseke), où le Cardinal Laurent Monsengwo a célébré une messe d’action de grâce dans l’après-midi de ce même samedi 15 août.

Déterminé à célébrer cette messe d’action de grâce en cette solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, l’archevêque émérite de Kinshasa a bravé ses douleurs au niveau de jambes et de la gorge pour aller témoigner sa gratitude à la mère du Christ qui apparaît en ce lieu sous le titre inédit de « Mère du Désarmement ».

Mgr Monsengwo Pasinya était, en effet, allé invoqué la Mère du Christ il y a quelques semaines à ce site de « Nzete ekauka » (Arbre sec), au quartier Mokali, où il avait célébré une messe de supplication pour implorer son intercession en faveur des Congolais et de tout le reste de l’humanité, menacés par la covid-19.

Se familiariser aux gestes barrières

Cette reconnaissance des chrétiens était également au rendez-vous à la paroisse « La Résurrection » de Lemba, en plein cœur du quartier Salongo. En ce dimanche 16 août, hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux se sont rendus en masse à l’église pour prendre part aux quatre messes programmées au cours de cette journée dominicale.

Dans cette vaste enceinte, des dizaines de groupes de jeunes, couverts de masques en pagne, prennaient plaisir à se faire des selfies pour marquer leurs retrouvailles. D’autres adolescents assiégeaient les marchandes des confisseries et des objets sacrés.

D’autres encore, déployés autour de leurs encadreurs, suivaient des instructions sur le programme des activités spirituelles qui démarrent. Dans cette euphorie générale, il était difficile pour certains de tenir compte de la distanciation.

A l’entrée de l’église, le clergé catholique a installé un lave-mains et un savon liquide pour ses nombreux fidèles. En ce dimanche toutefois, le protocole s’est montré moins strict pour ceux qui ne se sont pas lavés les mains, mais plus vigilant pour le port du masque.

Une fois dans le temple, tout nouvel arrivant était tenu de s’installer sur un long banc occupé par trois personnes au plus. A fortiori quatre. Moins qu’à l’accoutumée. Distanciation oblige.

A la messe latine de 11h00, les chrétiens avaient presque tous leurs masques, y compris des enfants de 4 ans. Mais étouffés, lassés, ils s’en débarrassaient de temps en temps, ou les rabattaient en dessous de mentons. Les choristes, pour leur part, chantaient de vives voix, ramenant leurs masques au niveau de la gorge.

Une discipline à s’imposer

Dans les églises de réveil environnantes, l’euphorie de la reprise de cultes était aussi au zénith. Mais, dans nombre de confessions religieuses, les dispositifs de lave-mains et les appareils de prise de température étaient déjà mobilisés à l’entrée de chaque temple.

Ici, des efforts ont été déployés pour distancer des chaises. Les pasteurs, eux, ont fait de leur mieux pour enfiler leurs masques ou visières transparentes afin de mettre leurs fidèles à l’abri de toute contamination. Ici aussi, des fidèles, asphyxiés, finissaient par baisser leurs masques ou les enlever carrément avant la fin de culte.

Mais, leurs pasteurs n’ont cessé de les exhorter a continuer à respecter les gestes barrières pour se protéger de la covid-19. Toute une école.