Un tsunami ou presque dans le Kwilu. Le ticket officiel MP conduit par le Palu Floribert Luboto a été battu par le duo estampillé indépendant Balabala – Mapanda. A l’heure des comptes, si les huit députés provinciaux gizengistes ont tous voté pour le candidat adoubé par la Majorité Présidentielle, il n’en a pas été de même pour les autres élus. On a assisté à des infidélités plutôt troublantes. Voire paradoxales.

Investi le plus officiellement du monde par la MP, le tandem Luboto- Bulukungu a été surpris à ses dépens de constater qu’un seul député provincial sur dix du territoire d’Idiofa a respecté la consigne de la plateforme présidentielle.


Les élus de Bulungu n’ont pas fait mieux non plus. A Masimanimba, autre grand territoire du Kwilu, le candidat indépendant l’a emporté d’une voix. A partir de là, la messe était dite. La MP venait là de perdre le scrutin dans une province qui charrie, pourtant, quantité de symboles. Une défaite qui ne sera, sans doute pas, sans conséquence sur les équilibres au sein de la Majorité. En particulier, dans la relation MP-Palu. Une relation stratégique voire vitale pour le Raïs. Car, Kwilu est le cœur du fief du patriarche Gizenga. Perdre le gouvernorat de cette province par la  » faute  » des élus non Palu passe mal. Très mal même, confient nombre de cadres et militants du parti gizengiste.


« Comment comprendre que des députés MP, en commençant par ceux d’Idiofa aient tourné le dos au ticket officiel ? » se demande à haute et intelligible voix un élu Palu. Idiofa est, en effet, le fief du Secrétaire général de la MP. Les connaisseurs de la scène politique kwiloise et plus généralement bandundoise lisent le revers du candidat MP comme une traduction de la lutte de leadership entre barons de la province.


Il est vrai que l’axe Kabila-Gizenga, noué entre deux tours de la présidentielle de 2006, n’a pas fait que des heureux au sein de la kabilie. Des ténors bandundois en général et kwilois en particulier ont vu leurs parts de marché réduites. En 2006 comme en 2011, Joseph Kabila avait besoin du Palu pour tenter de faire le contrepoids dans une capitale acquise à l’Opposition. Car, à la différence de beaucoup de partis de la Majorité, le parti gizengiste dispose de troupes à Kinshasa et dans son hinterland Est. Le Kongo central étant l’autre pays de l’Opposition.


Même si de l’eau a coulé sous le pont depuis, le Palu peut encore mobiliser quasi spontanément les masses à Kinshasa. Un peu à la manière de l’UDPS. Quoi qu’érodé par le poids de l’âge, le nonagénaire Gizenga demeure ce gourou à nul autre pareil dans toute la Majorité. Pas donc sûr que la stratégie consistant à affaiblir le Palu dans sa province-symbole soit bénéfique pour le Pouvoir. Surtout en ce moment où les batailles qui se dessinent requerront notamment la capacité à mobiliser la rue dans la capitale. Dans cette perspective, un décrochage du Palu ferait l’affaire de l’Opposition.

KT/FDA