Le coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi, Floribert Anzuluni est revenu dans une brève interview accordée à KinshasaTimes.cd, sur l’origine et les objectifs que visent le manifeste «ESILI» signé le 18 août dernier, pour l’alternance d’ici fin 2017 en République démocratique du Congo.

KINSHASATIMES.CD : Que vise concrètement ce nouvel appel au peuple congolais dans le manifeste « Esili » ?

Floribert Anzuluni :
Le dernier appel de la CENCO « Le pays va très mal, débout congolais, décembre 2017 approche ! » a servi de point de départ de l’initiative qui a abouti à la publication du « Manifeste du Citoyen Congolais ». A travers la conférence organisée par l’Institut pour la Démocratie, la Gouvernance, la Paix et le Développement (IDGPA) du professeur André Mbata, «Mobilisation Citoyenne pour le retour à l’ordre constitutionnel », des organisations de la société civile, des mouvements citoyens, parmi lesquels FILIMBI que je coordonne, et des personnalités indépendantes engagées non-politiques. Nous nous sommes simplement appropriés ce message des évêques demandant aux congolais de se mettre débout, conformément à l’hymne national, afin de sauvegarder la démocratie et neutraliser le petit groupe de personnes au pouvoir qui prend des millions d’autres que nous sommes en otage, en utilisant une répression féroce, pour maintenir un système prédateur et continuer à dilapider des ressources communes.

KINSHASATIMES.CD : Pourquoi la signature est intervenue à Paris et non à Kinshasa ?

F.A : La réponse à cette question semble pourtant évidente. Le régime illégitime de M. Kabila étant aux abois, il a mis en place un système de répression maximale qui n’aurait pas permis de tenir une telle rencontre en RDC sans qu’elle ne soit réprimée, y compris une stratégie de chaos qui consiste à créer des poches d’insécurité un peu partout dans le pays afin de justifier la non-organisation des élections.

Je rappelle que le mois dernier l’une des dernières conférences du professeur Mbata à Kinshasa sur le même sujet avait été fortement réprimée et plusieurs participants avaient tout simplement été arrêtés. L’importance de cette rencontre exigeait donc un lieu approprié et la ville de Paris a été choisie. La signature du Manifeste a naturellement eu lieu à l’issue de la conférence. Toutefois, la plupart des participants sont déjà de retour au pays et les campagnes de sensibilisation seront lancées. Nous disons à M. Kabila et au système qu’il incarne « ESILI (c’est fini) »

KINSHATIMES.CD : Les plates-formes congolaises, en politique ou dans la société civile, s’éclatent facilement pour divergence d’intérêt. Quelle chance le regroupement de mouvements citoyens sous « ESILI » à de résister à la fragmentation ?

F.A : Pour paraphraser l’un des participants à la rencontre, mon ainé Balufu, le « Manifeste n’est ni un parti ou regroupement politique, ni un quelconque rassemblement structuré. Il s’agit plutôt d’une proclamation ou d’un appel destiné à conscientiser et mobiliser le peuple congolais, de manière générale sur la situation dans laquelle se trouve notre pays, et en particulier sur la nécessité de mobiliser en fédérant toutes les forces qui agissent en faveur de la sauvegarde des acquis démocratiques pour barrer la route au coup d’état en cours de M. Kabila et mener ensemble des actions pacifiques coordonnées afin de le contraindre à quitter le pouvoir d’ici au 31 décembre 2017. Il ne s’agit donc pas de lutte d’un individu ou un groupe d’individus, mais plutôt du peuple congolais.

KINSHASATIMES : Mais les groupements et plate formes politiques de l’opposition y ont été écartés pourtant…

F.A : Les acteurs politiques sont vivement appelés à s’allier avec les citoyens en y adhérant pour qu’ensemble nous contraignions M. Kabila et ses complices à quitter le pouvoir afin de permettre qu’une alternance pacifique puisse s’organiser dans les plus brefs délais. Nous sommes heureux de constater que plusieurs d’entre eux ont déjà annoncé y souscrire. En réalité, avec ce Manifeste, chaque citoyen congolais se retrouve face à ses responsabilités et doit en quelque sorte faire un choix entre deux camps : d’une part celui du petit groupe de personnes qui prend des millions d’entre nous en otage, et d’autre part, la grande majorité de la population qui souffre et se bat pour mettre fin au système prédateur incarné par M. Kabila. Il n’est donc plus possible de se cacher ou encore de tenter de faire l’équilibrisme: le peuple congolais observe chacun de nous.