En République démocratique du Congo, le mois d’avril part en laissant derrière lui une série d’échecs. Echecs de la signature de l’arrangement particulier et de la nomination d’un premier ministre selon l’esprit et la lettre de l’accord de la Saint-Sylvestre ; échec de l’opposition du Rassemblement de retrouver son unité pour mieux faire face au régime en place qui cherche de tactique pour se maintenir au pouvoir ; échec du rapatriement et de l’enterrement de la dépouille du leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi.

Le souhait de voir la classe politique congolaise transformer ces échecs en réussite va se heurter à un chapelet de « mais » et de « si » tout au long de ce mois de mai. La formule proposée par tel camp pour trouver la solution à telle équation est en effet pour l’autre camp, une inconnue qui compromet la résolution de la même équation.

Enterrement d’Etienne Tshisekedi

Les familles biologique et politique de Feu Etienne Tshisekedi ont levé l’option : la dépouille du sphinx de Limete sera rapatriée à Kinshasa ce 12 mai pour être enterrée au siège de son parti politique, l’UDPS, dans la commune de Limete dont le renom se confond à celui de son ancien habitant qui l’a vendue au monde. Et cela, avec ou sans l’accord du gouvernement provincial. Le statut d’ancien haut fonctionnaire de l’Etat congolais, lié à Etienne Tshisekedi, oblige au pouvoir de Joseph Kabila de prendre en charge ses obsèques. Mais il y a un « mais ».

Nous le savons, la décision d’enterrer Etienne Tshisekedi dans un milieu résidentiel s’oppose à celle de l’exécutif congolais qui exige que celui-ci soit enterré dans un cimetière, « lieu de sépulture prévudans les textes congolais ».Est-ce que l’un de 2 fils politiques du lider maximo, le Premier ministre sortant, Samy Badibanga, ou Bruno Tshibala, premier Ministre entrant,pourra disponibiliser le palais du peuple pour la veillée mortuaire ? Ou il se verra obliger d’ordonner la fermeture des portes du « temple de la démocratie » pour qu’Etienne Tshisekedi, l’acteur politique national à l’ampleur internationale, soit pleuré dans une résidence privée à Limeté comme un chef de quartier ?

Si finalement le pouvoir décided’accompagner l’UDPS dans sa décision en déclinant son implication dans ces obsèques, pour réduire leur mpact populaire, dans un contexte où la rue est brandit quotidiennement par son camp comme arme d’obtention de l’application intégrale de l’accord du 31 décembre 2016, va-t-il sécuriser ces obsèques ? Si le pouvoir résout d’envoyer les éléments de la police sécuriser les obsèques d’Etienne Tshisekedi, à qui il priverait le luxe d’être enterré comme il a vécu, quel accueil les militants de l’UDPS réserveront-ils à un tel cortège ? Le leader charismatique sera-t-il ignominieusement enterré en emportant avec lui d’autres âmes dans l’au-delà ? Autant de questions auxquelles le mois de mais devra répondre.

L’ONU et le chapitre VII de sa charte

L’ONU a inséré sa résolution 2277 dans le chapitre vii de sa charte,pour obtenir l’ « Accord global et inclusif du centre interdiocésain » le 31 décembre. A l’apparition à l’horizonde l’échec de la mise en œuvre de cet accord, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est, une fois de plus appuyée sur le même chapitre vii de l’Organisation des Nations Unies et a voté la Résolution 2348 pour contraindre les parties prenantes à se soumettre à leurs propres écrits. Mais le pouvoir en place a préféré débauché des acteurs politiques au sein de son principal interlocuteur dans le dialogue au Centre interdiocésain, le Rassemblement de l’opposition, pour finaliser ces discussions en signant l’arrangement particulier au palais du peuple.

Le Rassemblement de l’opposition conduit par Félix Tshisekedi qualifie cette signature de l’arrangement particulier, tantôt d’une farce, d’un élargissement de la Majorité présidentielle ou que sais-je encore ! La Monusco appelle à l’inclusivité de cette signature de l’arrangement particulier mais la Majorité considère que le chapitre est complètement parcouru.

Si les violons ne s’accordent pas, le Conseil de sécurité va finalement recourir à des moyens coercitifs pour faire respecter le chapitre vii de sa charte ou va-t-il encore voter une énième résolution pour demander aux acteurs politiques congolais qui ne s’entendent pas, de s’entendre ? C’est mai qui a la réponse à ce questionnement.

Rassemblement ou dispersion de l’opposition ?

L’opposition qui a donné des insomnies à Joseph Kabila et compagnies en se rassemblant au sein du « Rassemblement de l’opposition » à Genval, a connu une fissure au mois de mars, déclenchée par la restructuration de la direction de la plus importante plateforme de l’opposition. La cause réelle de cette division s’il faut le dire, c’est la guerre de positionnement des acteurs politiques de cette coalition politique qui n’ont pas pu résister à l’appât, la primature et les postes ministériels, leur lancé par la Majorité présidentielle.

Depuis quelques jours,il se raconte que quelques noms des têtes d’affiche de l’aile dissidente du Rassemblement conduit par le Premier ministre Bruno Tshibala, seraient indésirables dans le prochain gouvernement par le Président de la République, Joseph Kabila. Si à la publication du gouvernement,la rumeur se transforme en information, ces « indésirables » témoigneront leur fidélité à leur guide, Bruno Tshibala, porteur de l’ « idéologie tshisekediste » ?Ou ils iront créé un autre « Rassemblement de tshisekedistes durs et purs » ? Le moi de mai cache encore beaucoup de réponses.

Etienne Tshisekedi sera peut être rapatrié à Kinshasa le 12 mai comme promis mais…La Monusco exige l’inclusivité de l’arrangement particulier signé au palais du peuple sans le Rassemblement dirigé par Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, reconnu comme interlocuteur valable dans les négociations par le médiateur, la CENCO. Si rien de tel n’arrive, est ce que…Le Rassemblement d’ « héritiers de l’idéologie de Tshisekedi » a la primature en poche. Si les noms de certains cadres ne figurent pas dans le prochain gouvernement, naitra-t-il encore une autre aile du Rassemblement de plus tshisekedistes ?