La République démocratique du Congo a de nouveau été endeuillée par un massacre perpétré par les Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l’État islamique, dans les territoires de Béni et de Lubero.
Des dizaines de civils ont été tués lors de cette attaque nocturne, marquée par l’incendie de maisons et des violences ciblées. Depuis Genève, où il participait à un cycle d’échanges diplomatiques, le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a dénoncé, mercredi 10 septembre, « une barbarie qui ne fait que renforcer notre détermination ».
« Nous travaillons avec les Ougandais pour traquer cette menace. Nous avons démantelé plusieurs de leurs bases et neutralisé certains de leurs chefs, mais ces terroristes agissent en représailles, surgissant la nuit pour terroriser les citoyens », a-t-il déclaré, rappelant que la lutte contre les ADF et la présence rwandaise dans l’Est du pays restent au cœur de la stratégie sécuritaire congolaise.
Ces attaques interviennent alors que la RDC intensifie son plaidoyer international pour la reconnaissance des crimes commis à l’Est comme un génocide. Après trois jours d’échanges à Genève, Patrick Muyaya a salué « un pas important », tout en insistant sur le caractère inachevé du combat. « New York est la prochaine étape. Nous allons porter la voix des victimes jusqu’au plus haut niveau des Nations unies », a-t-il ajouté, citant le rôle du FONAREV (Fonds national de réparation pour les victimes de violences sexuelles liées aux conflits).
Le ministre a également insisté sur le fait que les discussions et témoignages entendus à Genève ont confirmé, selon lui, « l’existence d’une intention délibérée de s’attaquer à des communautés ». Il a notamment rappelé le massacre de Rutshuru, où plus de 300 personnes ont été tuées, et les conclusions de Human Rights Watch concernant le ciblage de populations hutus. « Les éléments constitutifs du génocide sont réunis, et personne ne peut nous dénier le droit de le dire », a martelé le porte-parole du gouvernement.
Kigali pointé du doigt
Dans son allocution, Patrick Muyaya a rejeté toute tentative de mettre sur le même plan les Forces armées congolaises (FARDC) et le M23, qu’il a qualifié de « brigade avancée de l’armée rwandaise ». Selon lui, les prétextes invoqués par Kigali – réfugiés, FDLR, discours de haine – ne sauraient occulter « la volonté de détruire et de massacrer ». Le ministre a réaffirmé que « le point de passage essentiel pour régler durablement ces problèmes reste le retrait des troupes rwandaises du sol congolais ».
Entre opérations militaires conjointes avec l’Ouganda contre les ADF et bataille diplomatique à l’ONU pour obtenir une reconnaissance du « génocide congolais », Kinshasa mise sur une stratégie à double front. Mais cette démarche s’inscrit dans un contexte complexe : d’un côté, des groupes armés toujours actifs et capables de frapper massivement, de l’autre, une mobilisation internationale encore hésitante, dans un environnement diplomatique où Kigali garde de solides appuis.