« Je vous informe avoir décidé d’accepter votre choix porté sur ma modeste personne comme candidat de notre parti à l’élection présidentielle », a déclaré début mai Augustin Matata Ponyo, à l’issue du congrès du LGD (Leadership gouvernance et démocratie), organisation politique qu’il vient de mettre en place.

Cela, malgré que le Procureur général Victor Mumba venait de fixer il y a quelques jours, son dossier à la Cour de cassation dans la rocambolesque affaire Bukanga-Lonzo.

Jusqu’ici, nous sommes au niveau d’une simple annonce. Nul n’ignore toute la démarche ou toutes les étapes par lesquelles doit passer le dossier du candidat président de la République, du dépôt de la candidature à la Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni) jusqu’à la validation par la Cour constitutionnelle, le juge électoral. Nonobstant ces préalables, visiblement l’on sait se rendre à l’évidence que l’homme à la cravate rouge et fines lunettes ne cachent plus ses ambitions et, que sa convoitise à la magistrature suprême ne fait plus ombre d’une science ésotérique.

Ancien Premier ministre sous Kabila (2012-2016), Matata Ponyo traîne dans son actif nombreux atouts et forces nécessaires pour assumer la haute fonction de la République, affirment nombreux de ses administrateurs. Pendant sa gestion, le Sénateur Matata Ponyo était initiateur de plusieurs projets d’intérêts sociaux. Il est le père de la bancarisation des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat, qui a mis fin au travail des comptables et autres agents payeurs qui se baladaient avec les salaires des agents de la fonction publique, avec risque du vol, détournement et amputation du volume des enveloppes salariales des agents. Il a initié la récupération de plusieurs édifices de l’Etat, dont nombreux ont été réhabilités, servent et abritent ce jour nombreux ministères et services de l’Etat (Ndlr: les immeubles de la place Royal sur boulevard du 30 juin).

Bon élève des institutions de Breton Wood, Fond monétaire international (FMI) et Banque Mondiale (BM), Augustin Matata Ponyo, c’est bien l’homme du « cadre macroéconomique ». Il a su assainir et améliorer le climat des affaires et le cadre macroéconomique de la RDC, se félicite-t-on dans son entourage qui fait inventaire de plusieurs autres réalisations en termes d’infrastructures sociales, notamment la création de la société Transco, l’acquisition le 30 juin 2013 des 500 premiers bus de celle-ci, l’initiative d’imposer aux privés de se constituer en une organisation qui a vu la naissance des bus « Esprit de vie », acquis par crédit du gouvernement congolais, en vue de faire disparaître sur les routes de Kinshasa, la circulation des bus de marque Mercedes, connus sous l’appellation générique de 207, et qui ont été surnommés « Esprit de mort » par les habitants de la capitale congolaise.

Plusieurs autres initiatives, entre autres, la création du Parc agroalimentaire de Bukanga-Lonzo, la mise en place de la compagnie nationale d’Aviation Congo Airways, avec l’acquisition de ses premiers avions Airbus et petits porteurs.

Le professeur Matata Ponyo bénéficie aussi d’un réseau assez important à l’échelle nationale et internationale. Au niveau congolais et africain. L’on se rappèlera qu’il y a quelques mois, Antonio Guteress, l’actuel Secrétaire général des Nations-Unies, avait critiqué la procédure de la justice congolaise lors de la plainte portée contre Matata Ponyo, dans l’affaire Bukanga Lonzo et Zaïrianisation. Une fois que sa candidature sera validée, Matata mettra à profit toutes ses réalisations du passé pour battre campagne et faire valoir sa quête du pouvoir. Déjà, il faudra relever que lors de la clôture du premier congrès de son parti (LGD), il a indexé la mauvaise gouvernance du régime actuel, avec la situation sécuritaire qui ne s’améliore toujours pas.

Par ailleurs, s’agissant de ses faiblesses, nombreux sont ceux qui soutiennent que Matata n’a pas une organisation politique qui porterait sa candidature jusqu’à lui obtenir la victoire à l’élection du président de la République. Autre chose c’est que, son dossier en justice dans l’affaire Parc agroalimentaire de Bukanga Lonzo, risque de lui faire payer lourd,avec le régime actuel qui lui en voudrait pour avoir refusé d’adhérer à l’Union sacrée, selon les propres affirmations de Matata.

Giscard Havril