Malgré l’avancée fulgurante du M23, soutenu par l’armée rwandaise, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais reste catégorique : aucun dialogue direct avec les rebelles n’est envisagé.
Ce choix, confirmé mercredi 5 mars, devant les ambassadeurs et corps diplomatiques en RDC, s’inscrit dans la continuité d’une stratégie diplomatique rigoureuse qui privilégie le processus de paix de Nairobi.
La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a réaffirmé que « le processus de Nairobi reste la seule option pour le M23/AFC ». Selon elle, le président honoraire Uhuru Kenyatta, facilitateur de ce processus, bénéficie de la pleine confiance du président Félix Tshisekedi, qui lui a donné carte blanche pour engager les différents groupes armés sur la base de son évaluation. Pour la cheffe de la diplomatie congolaise, ces échanges, étroitement suivis entre Kinshasa et les instances régionales, confirment l’unicité de la solution proposée.
Outre Nairobi, des avancées avaient été enregistrées dans le cadre du processus de paix de Luanda, initié par l’Angola. Toutefois, ce dernier est actuellement à l’arrêt, en dépit des contacts constants entre les parties congolaises et angolaises. Thérèse Kayikwamba Wagner a salué l’engagement continu du président João Lourenço, précisant que « dans quelques jours, nous verrons ces discussions prendre une forme plus claire et sortir des spéculations ».
Dans le contexte du sommet conjoint des chefs d’État de la SADC et de l’EAC tenu à Dar-es-Salaam, il a été décidé de fusionner les processus de Luanda et de Nairobi. L’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn Boshe ont ainsi été désignés facilitateurs du processus de paix conjoint pour l’Est de la RDC.
Ce choix stratégique intervient alors que les affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23/AFC se poursuivent, exacerbant la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est du pays. Selon l’ONU, entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais auraient déjà pris le contrôle de Goma et de Bukavu, poursuivant leur percée au Sud-Kivu.
Face à cette escalade, Kinshasa persiste dans sa ligne de conduite : rejeter tout dialogue direct avec le M23 et se concentrer sur une solution régionale, portée par les processus de Nairobi et de Luanda. Une voie qui, selon les responsables congolais, est indispensable pour restaurer la paix dans une région en proie à la violence et au désordre.