Taxé de partialité dans la modération des débats au « temple de la démocratie » et visé par une pétition, le président de la chambre basse du parlement congolais, Aubin Minaku a clamé son impartialité tout en revenant sur son rôle qui est celui «de garantir la liberté d’expression des uns et des autres, Opposition et Majorité», lors d’un débat selon sa définition. En cas de divergence sur une question, ce même rôle a-t-il poursuivi, lui interdit «d’épouser le point de vue de l’Opposition ni celui de la Majorité, mais de laisser les uns et les autres débattre avant le vote par la plénière souveraine».

Le débat «pomme de concorde» des élus nationaux, mais sur quoi débattre, « la pomme de discorde» qui divise minorité et majorité parlementaire. Opposition et majorité s’appuyant chacune sur le même règlement intérieur et le même arrêté de la cour constitutionnelle sur les motions donnent pourtant différents points de vue. Une motion incidentielle avant le vote d’une motion de défiance et/ou de censure est à la foi réglementaire et constitutionnelle, soutient-on à la Majorité présidentielle, majoritaire au parlement. Non, c’est une simple aberration, rétorquent les élus de l’opposition quoi que minoritaires au parlement mais déterminés à faire entendre leur voix.

Pour la faire entendre, ils ont déserté leurs sièges pour dénoncer le parti pris du président de l’assemblée, teinté d’une seule couleur politique, étant secrétaire général de la Majorité présidentielle, couleur qui lui conduit à «jouer le jeu de sa famille politique dans un hémicycle composite», accuse l’opposition parlementaire.

«Chaque président de l’Assemblée nationale a une sensibilité politique. Là n’est pas le problème », a répondu Aubin Minaku au micro de Kamanda wa Kamanda Muzembe. Le problème plutôt, il le situe au niveau de l’interprétation de la Cour constitutionnelle sur les motions. «Étant donné la divergence (sur l’interprétation de l’arrêt) dans la rue, je me suis décidé de saisir la cour en interprétation de son propre arrêt. Dans un État de droit, il n’y a pas d’autres manière de procèder que celle-là, » a-t-il déclaré.

En effet, conformément à la constitution congolaise, le poste de président de la chambre basse est réservé à la majorité parlementaire, contrairement par exemple à la Grande Bretagne de laquelle le régime semi-présidentiel congolais puise une partie de ses fondements, le « Speaker » est un homme neutre issu ni du parti des conservateurs, (Conservative Party), ni de celui des travaillistes (Labour Party), encore moins du camp des Libéraux-démocrates (Liberal Democrats), pour ne citer que ceux-là, afin d’éviter des penchants politiques aux Speaker, pendant le débat.