Dimanche 18 décembre, la foule est nombreuse à emprunter la route nationale numéro 1 à hauteur de l’entrée du Camp PM dans la commune de Mont-Ngafula à l’ouest de Kinshasa, capitale de la RDC. Cette route a été coupée la matinée de mardi 13 décembre dernier par une tête d’érosion provoquée par la pluie diluvienne. Cette foule ne contient pas que de simples passagers. Le spectre de l’érosion attire aussi des spectateurs malgré les travaux de réhabilitation.

La route est argileuse et sèche, des gros moellons sont visibles de côté, Il y a des nuées de poussières à chaque passage d’un camion en provenance ou en partance du Kongo-centrale. L’Office de voirie et drainage (OVD) effectue des travaux pour rendre à nouveau praticable ce tronçon. Seule une bande est praticable jusque-là, grâce au remblayage par des moellons. Les véhicules passent à tour de rôle sous une haute surveillance des agents de la police et de la GR commis à cet endroit. Les piétons aussi faufilent dans les couloirs laissés par les grands-car.

« Circuler, ne vous arrêtez pas ici sinon vous aurez des coups de fouet », menace un agent de la Garde Républicaine. Ils chassent les gens qui s’arrêtent près du ravin. La vingtaine, une habitante de milieu n’a pas voulu révéler son identité. « J’habite dans le parage mais depuis l’érosion je n’ai pas vu le dégât je viens juste voir le ravin. je profite de ce jour de repos », livre cette dame mince au teint bronzé, elle fait semblant de ne pas écouter les avertissements de cet agent.

Comme cette jeune dame, plusieurs personnes s’étonnent comme si c’était la première fois du spectre de ces ravins. Certains se prennent en selfie. « Je vais poster ces images et je vais aussi les envoyer à ma sœur qui est en dehors du pays », souffle un autre spectateur. « C’est la première fois que je passe ici après ces dégâts », ajoute ce père de famille, avant de ranger son smartphone dans sa gibecière.

Le gouvernement congolais avait aussitôt ordonné le début rapide des travaux de réhabilitation de cette route de desserte agricole qui permet à Kinshasa de se ravitailler. En attendant la fin des travaux, des files d’attente sont interminables.

« Aujourd’hui c’est mon deuxième jour ici », explique Sénasé, assistant d’un chauffeur. Leur véhicule est en troisième position avant de dépasser cet endroit delabrer. Ils sont en partance du Mbanza-Ngungu au Kongo-centrale. En attendant leur tour, il sirote sa bouteille de vin de palme.

Les pluies diluviennes qui se sont abattues à Kinshasa la nuit du lundi au mardi ont fait une centaine des morts et d’énormes dégâts. Pour ce qui concerne cette route, l’OVD a démarré des travaux qui consistent selon lui “au compactage, à la construction de bassins de rétention et des caniveaux” mais le délai de l’exécution reste inconnu.

Journaliste d'investigation, licencié en sciences de l’information et de la communication. Spécialiste des questions politiques et judiciaires. Reporter à KinshasaTimes depuis 2020