La paix en République Démocratique du Congo reste toujours menacée 11 mois après l’accord du 18 octobre obtenu par l’Union africaine et celui du 31 décembre conclu principalement entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement, sous la médiation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).

L’intervention du Commissaire de l’Union Africaine à la paix et sécurité, Smaïl Chergui, sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) le 15 septembre, n’a pas traduit la volonté de l’Union Africaine à aider la classe politique congolaise à mettre de l’ordre dans son arène politique, afin de garantir cette paix en péril.

En effet, Smaïl Chergui interdit aux opposants et aux activistes de la société civile de « compliquer » les choses en demandant une transition sans Joseph Kabila. Cependant, il n’a pas demandé au Président de la RDC de faciliter l’organisation des élections afin de faciliter une alternance pacifique à la tête de la RDC.

A la place, il demande au « Front anti-Kabila » en constitution, de « s’asseoir autour de la table, évaluer le processus en cours, identifier les pierres d’achoppement, les problèmes qui existent, essayer de recommander la meilleure manière de les traiter pour préserver la RDC. » C’est un nouveau dialogue que préconise l’UA.

Jusqu’ici, les interventions de l’Union Africaine dans la crise politique congolaise ont plus contribué à attiser les tensions qu’à apaiser les protagonistes. Cela s’est observé lorsqu’elle a d’abord joué sa carte en désignant Edem Kodjo comme médiateur, dont la partialité a écarté le Rassemblement de l’opposition des assises de la Cité de l’Union Africaine et a précipité celles du Centre Interdiocésain.

Par ailleurs, l’UA a montré ses limites dans la recherche du consensus pour le maintien de la paix en soutenant l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre dans sa violation décriée par d’autres partenaires de la RDC comme l’Union européenne et l’ONU. Dans la foulée, elle a condamné les sanctions de ces organisations internationales prises contre les hauts dignitaires du régime en place pour tenter d’obtenir l’application de l’accord et assurer le processus électoral en RDC qui marche en reculant.

La crise congolaise est l’une pour lesquelles l’ONU s’est grandement effacée pour laisser les africains gérer leurs propres affaires comme ceux-ci le souhaitent depuis la mort du guide libyen Khadafi. Cependant la présence constante de l’UA dans la résolution de crise congolaise prive le pays de toute solution.

A l’approche de la fin de la transition, la RDC se retrouve dans la même cacophonie qu’à l’approche de la fin du mandat en décembre 2016 : « élections improbables, départ du président Joseph Kabila impossible. »

Le Rassemblement de Félix Tshisekedi avec sa transition de 6 mois sans Joseph Kabila à l’expiration de l’accord du 31 décembre 2016, au 31 décembre 2017, est revenu à celle du régime spécial en RDC prônée sous la direction d’Etienne Tshisekedi, à l’approche de l’expiration du second mandat de Joseph Kabila.

Les mouvements citoyens avec la signature du Manifeste Esili, recourent à nouveau à la pression populaire pour tenter d’obtenir le départ de Joseph Kabila fin 2017, comme ils faisaient déjà cette pression en 2016.

La Majorité présidentielle pour sa part continue à jouer la montre avec le même discours : « S’il n’y a pas élections avant fin 2017 comme le prévoit l’accord de la Saint Sylvestre, le CNSA, la CENI et le gouvernement statueront sur une prolongation de la transition avec Joseph Kabila à la tête de la RDC, conformément audit accord qui ne prévoit pas une transition même d’un jour sans Joseph Kabila ». Une position qu’elle soutenait déjà à la veille de l’expiration du second mandant de son autorité morale :  « En cas de non-organisation des élections dans le délai constitutionnel, le président de la République restera en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu comme le prévoit la constitution, et non de l’instauration d’un régime spécial conformément au désir du Rassemblement. »

Le nouvel appel de l’Union Africaine aux acteurs politiques congolais à s’asseoir à nouveau pour aplanir les divergences, ressemble plutôt une flamme que l’organisation continentale place à côté de la poudrière qui, il y a lieu de la craindre, pourrait bien prendre feu.