Semaine sombre pour la République démocratique du Congo (RDC) et sa population.

Du drame de Matadi Kibala, dans la commune du Mont-Ngafula où des compatriotes ont trouvé la mort par électrocution, lors de la section mercredi 2 février, d’un câble électrique haute tension, passant par les tueries de plusieurs dizaines des populations de l’Ituri ( Ndlr : province actuellement sous état de siège), jusqu’au déroulé de la feuille de route électorale, par (Ndlr: le très contesté par une grande partie de la classe politique congolaise) Denis Kadima, nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les dirigeants congolais, hier comme aujourd’hui, naviguent à contre-courant de la gouvernance préventive.

Que des décisions et/ou des mesures « trompent l’oeil », face à des tragédies, drames qui fâchent. « Gouverner c’est prévoir » a-t-on souvent entendu. Y aller à contre-pied, c’est se signer son propre certificat de mort politique, soutient-il. Malheureusement, départ le monde, seul au Congo-Zaïre où les autorités ne font preuve de rigueur

Comme toujours, l’on refuse le divorce avec la vieille pratique, où la prise des décisions souffre d’un brin d’anticipation. Une maladie à laquelle, même la prescription du nouveau médecin directeur du Congo-Zaïre, Félix Antoine Tshisekedi, n’a jusqu’ici apporté la guérison.

La preuve? Plus d’un kinois gardent à l’esprit la tragédie de l’année 96, du marché « Type K », au large de l’aérodrome de Ndolo, dans la capitale zaïro-congolaise. Face à l’éternelle hibernation des mesures prises en son temps pour sa fermeture, à ce jour, ce lieu de négoce continue son activité, avec une fois encore du monde qui s’y dresse, sous l’oeil faible de l’autorité.

À plusieurs coudés de là, c’est à l’aéroport international de N’djili, où des avions décollent et atterrissent sur les toits des habitations des kinois. Alors qu’un drame similaire c’était produit il y a quelques années, au quartier Kingasani, dans la commune de Kimbanseke. Un gros avion avait raté son décollage et avait fini son envol dans cette Chine populaire (tel que surnommé par les kinois), tuant plusieurs citoyens.

Concernant la Ceni, là encore, voici et bienvenu monsieur le « fait accompli ». « Aux grands maux grands remèdes », apprend-on. Malheureusement, ce dicton semble avoir donné le dos au Congo-Zaïre de Tshisekedi. Nul n’a à l’esprit l’idée selon laquelle, « l’homme prudent voit le mal de loin ». Sinon, qu’a-t-on fait de cet autre dicton : « mieux vaut prévenir que guérir »? En RD Congo, tout ceci est aux abonnés absents.

Alors que si l’on était méthodique, objectif et préventif, les questions sécuritaires, financières sanitaires soulevées par le numéro un de la Ceni, lors de sa dernière sortie médiatique, ne seraient plus celles qui tentent de cautionner les élections, à plus d’une année de la tenue de celles-ci, à en croire la feuille de route électorale.

Aux yeux des observateurs, les difficultés actuelles, sont la conséquence du manque du consensus de l’ensemble de la classe politique autour de ce processus. D’où la question de savoir : comment aller aux élections prétendues régulières, transparentes, démocratiques et inclusives, en laissant hors jeu l’opposition réelle ? Dans ce contexte, c’est encore le lit de la contestation qui est en train d’être fait, avec en toile de fond, la crise de légitimité des institutions, dont les conséquences ne sauront épargner personne.

Tueries de l’Ituri, parlons-en.

Des cercueils des cours sans vie. Des personnes tuées en Ituri (Ph. HMM)

Plusieurs dizaines de morts, hommes, femmes et enfants ont été enregistrés. 61 cercueils ont été transportés dans un véhicule, du lieu des tueries au cimetière, sous un silence total du gouvernement. Des faits qui continuent de susciter interrogations, sur la mesure de l’état de siège, prise début mai de l’année dernière. A-t-on mûrie la décision ? Avions-nous suffisamment des moyens y afférents ? Que des questions. Alors que des manifestations anti état de siège sont plus d’une fois organisées, faisant elles aussi des morts.
Il est temps de s’arrêter de réfléchir. Il n’a jamais était ni trop tard, ni ridicule de changer le fusil d’épaule.