Les réactions ne cessent de pleuvoir après publication des conclusions d’une enquête menée par l’Association des jeunes du Bandundu pour le développement (AJBD), sur le phénomène Kintwidi, dans les provinces du Kwilu et Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Et ce, après le dépôt au Parlement d’une proposition de loi sur les fiançailles et le montant à verser lors d’une dot.

Dans l’opinion, la proposition du député Daniel Mbau fait non seulement jaser, mais elle indigne plusieurs congolais. Ces derniers pensent que dans bon nombre des familles et culture en RDC, il y a plusieurs qui attendent des réponses de la part du pouvoir public que celui du montant à payer pour la dot. C’est le cas du phénomène Kintwidi, qui refait surface, à en croire l’alerte de l’AJBD, qui sont parvenues à la rédaction de votre journal

L’organisation non gouvernementale basée en République démocratique du Congo (RDC), qui a rendu public les résultats d’une enquête menée la période allant de l’année 2017 à 2020, soit 3 ans, auprès des membres de plusieurs ethnies, particulièrement chez les Yanzi, en province du Kwilu (ex Grand Bandundu), indique que ce phénomène qui consiste en un mariage forcé entre cousin et cousine, oncle et nièce, grand père et petite fille ou encore entre une fille ainée et une autorité familiale, reprend le poils de la bête, avec plusieurs conséquences dans les milieux familiaux, et ce, plusieurs années de répit après.

« Après plusieurs années de répit, le phénomène « Kintwidi » refait surface, avec d’énormes conséquences sur la santé des jeunes filles, des parents qui s’y opposent et la stabilité familiale.
La croyance qui l’entoure et qui lui confère un caractère mystique, place les victimes dans une situation d’impuissance, de résignation, par crainte de subir des dégâts qui en découleraient », indique Tony Kayembe, président de cette structure.

L’AJBD, fait observer qu’avec la prolifération des églises dites de réveil, l’activisme des associations de défense des droits de filles et femmes, nombreux foyers préfèrent en parler dans le seul cercle familial, sans en faire aucun bruit, de peur de se tirer la foudre des défenseurs de droits humains.

Dans son enquête menée tour à tour dans les villes et cités du Kwilu, particulièrement à Bandundu ville, Kikwit, Idiofa, Bulungu, Due, Bagata, Ikubi, Nkara, Masi-Manimba, voire dans la ville de Kinshasa, entités où sont concentrés les Yansi, l’ONG indique que « Sur un total de mille personnes interviewées, 680 soit 68% ont affirmé avoir été affectées par ce phénomène, de manière directe ou indirecte, et 32% affirment en avoir connaissance sans y être affectées ».

Dans son échantillon, AJBD dit avoir approché 500 hommes et 500 femmes, dont la tranche d’âge varie entre 20 et 65 ans. Les femmes interviewées affirment être les plus affectées par le Kintwidi. De leur côté, certains hommes pensent que, ce phénomène relève des violences faites à la femme et à la jeune fille, d’autres par contre, soutiennent qu’il s’agit des réalités socio-culturelles traditionnelles et coutumières, qu’ils n’y peuvent rien.

L’organisation fait constater que les moins de 40 ans ont affirmé être les plus affectés par ce phénomène qu’ils décrient, alors que ceux ayant plus de 40 ans
sont départagés entre les conservateurs de la coutume et les modérés, qui appellent à la fin du phénomène.

Cependant, le refus de ce mariage n’est pas sans conséquences chez nombreuses filles et femmes. Certaines d’entre elles y meurent, et d’autres sont victimes de maladies qui, souvent conduisent au divorce. Les filles Yanzi sont privées même de leur liberté, de se choisir librement un partenaire, alors que le mariage est garanti par les lois de la république, à partir de 18 ans.

Au regard du tableau sombre et des conséquences dus à ce phénomène, tels dressés ci-haut, l’AJBD en appelle à l’attention du pouvoir public.

Pour aider les décideurs à mettre fin à un phénomène déshumanisant,
AJBD invite le gouvernement congolais à faire de cette question, l’une des infractions, similaire à celle basée sur le genre, notamment les violences faites à la jeune fille et à la femme; de mettre en place des mécanismes qui découragent et contraignent ses auteurs au respect de la dignité humaine et du droit inaliénable que doit avoir le jeune homme ou la jeune fille Yanzi, chaque qu’il faut le choix du conjoint ou de la conjointe, tel que cela se fait ailleurs, dans d’autres cultures; d’instaurer les espaces du débat dans les milieux Yanzi, afin de parler à bâton rompu des méfaits et autres inconvénients liés à un tel mariage ; de vulgariser le code congolais de la famille, pourquoi pas le traduire dans les quatre langues nationales, aux fins d’une meilleure sensibilisation.

Yanel Yahvé/ Correspondance particulière