Avec la levée de l’état d’urgence, la vie reprend son cours petit à petit à Kinshasa avec notamment la réouverture des bars et restaurants.
Après les scènes de liesse qui ont fait suite à cette déclaration, mettant ainsi un terme à l’activité des bars clandestins ; nous avons décidé d’effectuer une série de descente sur terrain afin de constater par nous-mêmes à quoi ressemble désormais une sortie au resto post Covid.

Pour ce premier week end, nous avons choisi le restaurant Hunga Busta, situé en diagonal de l’immeuble Sozacom dans la Commune de la Gombe.
Si l’espace est assez ouvert à première vue, la disposition intérieure ne semble avoir souffert d’aucune modification.
Le reflexe est encore à emporter, commente le gérant de la place. Jusque-là, nous n’avons pas encore atteint notre taux de saturation et nous observons aussi quelques hésitations.

La levée de l’état d’urgence a certes rouvert les espaces publics, mais avec en toile de fonds l’observation des gestes barrières.
A l’entrée du restaurant, des gardes y sont postés armés de thermoflash pour relever la température. Une fois le seuil franchi, une fontaine a été aménagée avec de l’eau et du savon. Si le masque ne s’enlève qu’une fois assis pour les clients ; le personnel est tenu de le garder durant tout le service.

Une fois les cartes distribuées, il nous est annoncé que les boissons seront servies dans leurs bouteilles. Les verres ne sont donc plus admis dans le service.
Adieu chers glaçons, il ne sera donc plus possible de jouir de votre froide compagnie.

Une fois nos commandes consommées, nous décidons de faire une virée dans les quartiers périphériques ; les points chauds.
Nyangwe nous a semblé être le mieux indiqué. Musique à tue-tête, chaises et tables collées les unes aux autres ; masques quasi inexistants, quelques points de lavage des mains qui manquent déjà de savon ; nous voici plongés dans la vertigineuse ambiance à la kinoise.

Une aubaine pour les tenanciers, qui espèrent une rapide amélioration de leur santé financière frôlant le marasme.
Imaginez que nous tenions une rotation journalière de 30 à 40 casiers en semaine, et pratiquement le double en week-end, témoigne Giresse. Mais là, la reprise est timide mais nous espérons une remontada ; car nous avons cumulé plusieurs arriérés en termes de loyer. Pour les salaires, nous avons dû demander à nos serveurs de rester chez eux. La plupart ont été compréhensifs et sont revenus depuis l’annonce de la levée de l’état d’urgence, conclut-il entre deux sourires.

Ça commence à se serrer petit à petit ; confirme Marlène, son plateau de bière en main. Le masque ramené sous son menton, elle explique qu’il lui est impossible de maintenir la cadence avec son cache-nez. Certains clients s’en accommodent, d’autres sont intransigeants. Alors je le porte de temps à autre.

Ici, crier est la seule façon de se faire entendre parce qu’on ne s’entend pas parler ; pour le plus grand malheur des riverains.
Nous étions tranquilles pendant l’état d’urgence ; confesse une voisine. Le cauchemar reprend et c’est parti pour durer.

A l’image de la vie qui s’éveille après un temps de répit ; Kinshasa s’anime à nouveau comme pour tourner définitivement la page. Au seul fait qu’elle doit désormais composer avec un virus qui ne s’est pas encore avoué vaincu.